❛All my feelings on fire guess i'm a bad liar.❜ ☯ Oksana M. Ikonomova

Oksana Ikonomova & Andréas Visconti

Journée banale, journée routinière, douce torture que ton âme s’immole sans le concevoir réellement. Monsieur tout le monde, ta vie est semblable à celles des autres pauvres gars coincés dans cette réalité que tu maudis. Tes gestes se font automatique, tes doigts attachent les boutons de ta chemise bordeaux faisant ressortir ta peau hâlée naturellement puis tu enfiles ton jean noir, refermant machinalement la ceinture après l’avoir enfilé. Tu finis par relever la tête croisant ton regard blasé de ton reflet, tu es fatigué de cette vie Andréas. Fatigué de cette morosité qui manque de piment, de tes idées noires dans ton grenier. Passant une main stressée dans tes boucles brunes, tu attrapes tes lunettes pour les poser sur ton nez, tu fixes quelque instant ton alter égo avant de soupirer. Tu fais pitié. Le trajet jusqu’à l’hôpital se fait de la même manière que d’habitude, embouteillages, musique merdique à la radio, toi qui t’énerves quand on te double brusquement. Arrivé sur le parking de celui-ci tu enfiles machinalement cette fameuse blouse blanche mais une fois devant les portes de l’établissement, ce poids sur ton cœur se fait plus lourds, plus présent. Et sans vraiment t’en rendre compte tu dais demi-tour, tu pars sans un mot, te retrouvant une nouvelle fois dans ta voiture tu poses ta tête sur le volant expirant profondément. Quelques minutes plus tard, tu attrapes ton téléphone pour appeler ton patron, tu lui dis que tu as un imprévu, un souci que tu ne pourras pas venir. Étonnement il ne hausse pas la voix rien, tu ne prends que rarement des congés donc bon.

Une heure plus tard tu te retrouves à voguer dans le musée londonien, voguant d’une toile à l’autre, tu te perds dans la contemplation de cet art qui t’aspire, t’entraîne dans une spirale qui te décroche de la réalité. Mais lorsque tu te retrouves face à un tableau qui te touches au plus profonds de toi-même, tu y vois les éclats de ta misérable existence. Tu ne vois que l’ennui où est passé ta vie, où est passé l’amour. Ta propre hypocrisie commence à te saouler. Tu déglutis difficilement, l’amertume présente. La notification d’un nouveau message sur ton téléphone te ramène à l’instant présent, attrapant celui-ci tu te décales, avançant au hasard permis la foule. Une altercation, une épaule qui frappe dans ton bras, tu lâches sans le vouloir ton téléphone qui s’écrase au sol. Rapidement tu le ramasses, avant de te relever et continuer ton chemin soufflant au passage à la personne.

« - Excusez-moi, je n'ai pas fait attention. »

Et quand tes iris sombres rencontrant le saphir, tu découvres avec horreur que son minois ne t’ai pas inconnu. Et à mesure que tes jambes avancent seules, les brides de tes souvenirs avec la blonde te reviennent en mémoire, ils étaient si lointains que tu les avais presque oubliés. Impossible qu’ils s’effacent entièrement de ton être, cette femme a toujours été ta seule faiblesse. Oksana, avait marqué ton existence de sa joie de vivre et de votre idylle passionnée qui a dû s’arrêter beaucoup trop tôt pour des raisons que tu ne gardes que pour toi. Tes tripes se serrent douloureusement, le contact visuel se brise et tu continues de marcher, plus rapidement, tu l’as fui. Tu ne peux pas la laisser t’approcher de nouveau, ça ne ferait que de la mettre en danger. De vous mettre en danger. Made my decision to test my limits.

La manière dont tu me regarde

Oksana Ikonomova & Andréas Visconti

Il y a des années de ça, tu imaginais vos retrouvailles, vos promesses décrites en texto enfin exaucés ou bien les effets que ça propagera en toi de la revoir. Mille et un scénario en tête, tous différents des uns des autres encore plus lorsque votre « rupture » est arrivée. Tu avais du mal à qualifier ça vraiment comme une rupture puisque du jour au lendemain tu ne lui avais plus donné de nouvelles, tu ne lui avais pas explicitement dit que tu voulais arrêter pourtant ton absence soudaine parlée d’elle-même. Pendant longtemps tu observés sa nouvelle vie sur les réseaux sociaux, ayant bloqué son numéro pour ne plus être tenté de lui parler, il ne te restait plus que les médias pour voir à quel point elle pouvait vivre sans toi. Ça vie semblait aller comme sur des roulettes, ça te rassurait puisque tu craignais qu’elle ne se remette pas de ton départ, ou pire qu’elle soit en danger à cause des vautours qui tourner autour d’elle comme sur une proie immobile. Elle allait bien mais, pas toi.

Tu ne pouvais pas nier le fait que d’avoir agi comme tu l’as fait de ne t'a rien fait, que de partir sans te retourner à cause de l’ombre des menaces planant au-dessus de ta tête ne t’avais pas fendu le cœur. À l’époque tu l’aimais vraiment, elle avait provoqué chez toi un coup de foudre qui ne t’avait pas laissé de marbre. Pareil que dans les romans à l’eau de rose que tu lis, ou bien dont tu es l’auteur, ça t’était tombés dessus sans que tu t’y attendes. Et tels les héros de ses bouquins tu avais eu l’espoir fou que cet éclair dure jusqu’à la fin de vos vies ou du moins qu’il soit le présage d’une relation marquante aussi belle que folle. Hors, il n’y avait pas de happy end, pas de fin heureuse où les protagonistes finissent ensembles, se maries et font des enfants. Il n’y avait pas de « pour toujours et à jamais ». Il ne restait que les souvenirs, la nostalgie et la culpabilité omniprésente.

« - Ce n’est rien »

Cette voix. Ses yeux. Tu ne peux plus douter de tes croyances, il s’agit bien d’Oksana, même si tu en étais persuadé dès les premières secondes où vos regards ce sont croisé ça ne renforcer que d’avantage cette affirmation. Il est vrai que tu ne t’attendais absolument pas à tomber sur elle aujourd’hui, ici. Tu savais pourtant qu’elle avait signé un nouveau contrat mais, tu ignorais que c’était dans la vie où tu vivais. Occupé à la fuir, à taire ton envie de te retourner, tes pensées sont soudainement interrompues par une main qui attrape ton bras. Inutile le fait de te poser la question de qui s’agit-il, de la raison du pourquoi ce geste. C’est clair comme de l’eau de roche, si tu la reconnus, elle aussi.

« - Je sais que tu m’as reconnu Andreas, ne me fuis pas encore une fois. »

La blonde tape juste où il faut, elle avait toujours su le faire quand ta lâcheté faisait surface. Tu te mords la lèvre inférieure doucement, fermant douloureusement les yeux, tu persistes à lui tourner le dos. Tu ne dois vraiment pas faire cette erreur, ils avaient été clairs avec toi si tu restais aux côtés de la Russe, les représailles tomberaient. Ton autre main serre doucement ton smartphone, tu te bats contre toi-même à cet instant, contre toutes ses choses qu’elle a pu réveiller chez toi en quelques secondes. Faisant un geste pour retirer sa poigne, ton bras reste suspendu en l’air alors qu’elle te murmure d’un ton suppliant ses quelques petits mots qui ont l’effet d’une bombe en toi.

« S’il te plais »

Lentement tu finis par te retourner, enfin tu lui fais face, tu l’observes passant une main nerveuse dans tes cheveux de jais. Ça n’as rien à voir avec tout ce que tu avais imaginé jusque-là, rien n’était similaire, même pas son ton calme et peiné. Rangeant ton téléphone dans la poche de la blouse blanche que tu portes encore, laquelle tu aurais dû retirer avant de venir ici d’ailleurs, tu plonges ton regard dans le sien avant de prendre tes couilles en mains pour lui parler.

« - Oksana.. Murmures-tu presque timidement avant de reprendre utilisant le même ton, Je suis désolé. »

Ce n’était pas grande chose, pas le plus gros effort de ta vie, ni les meilleures retrouvailles au monde mais, tu ne sais pas quoi dire d’autres. Qu’est-ce que tu pourrais bien faire pour rattraper tous ses éclats que tu as envoyé valser il y a si longtemps ?