Sang d'encre et espoirs ~ Andraël [TERMINE]

Des incapables ! Une bande d’incapables déséquilibrés ! Je pestais intérieurement alors que je me garais dans le parking de l’hôpital. J’avais pris quelques jours de congés, prétextant une gastro. Seule Annabella Grimaldi aurait pu savoir que je mentais. Elle et Raphaël bien évidement. Depuis notre baiser deux jours auparavant. Enfin, nos baisers. Trois putains de baisers. N’ayant rien entendu d’autre  que des souhaits de bon rétablissement depuis de mes collègues je me disais que rien n’avait encore été dit. J’en avais eu la confirmation aujourd’hui alors qu’Alix m’avait appelé pour me prévenir que Raphaël avait trébuché sur une marche et s’était cogné assez violement la tête. On se demande comment il avait fait. Un tapis rouge devait être étendu sur les marches, mais les employés n’avaient pas encore entièrement terminé et monsieur avais voulu prendre cet escaliers pour être plus vite je-ne-sait. Du coup il s’était pris les pieds dedans et avait dégringolé une bonne quinzaine de marches, voir vingt. Bien sûr durant mon absence il avait eu des gardes du corps de remplacement mais en tant que son garde du corps principal les gens avaient jugé bon de me prévenir. C’était durant l’après-midi, là on était en fin de soirée. Normalement l’hôpital était fermé aux visiteurs mais ils feront bien une exception pour le garde du corps du prince. Et si jamais des collègues me posaient des questions j’aurais qu’à dire que ça allait mieux et que j’avais envie de m’assurer qu’il allait bien. Le bon prétexte de la déformation professionnelle.

Et le pire c’est que ce n’était même pas entièrement un mensonge, je m’étais réellement inquiété pour lui. Depuis que j’avais reçu cet appel m’apprenant qu’il était inconscient je n’arrêtais pas de me ronger les ongles et de me faire un sang d’encre. C’était horrible de ne pas savoir s’il allait bien ou pas. On m’arrêta à l’accueil mais mon badge fit des miracles et on m’amenait à la chambre du prince, gardé par dux collègues comme prévus. Ils m’informèrent que la famille avait quitté les lieux pour la nuit mais qu’au moindre changement d’état ils devaient être prévenus. Je leur sponsorisais un café avant de leur donné un tape sur l’épaule et rentrer dans la chambre. Bien conscient qu’ils resteraient là je surveillais chaque fait et gestes.

La chambre était sombre et silencieux. Le seul bruit était la respiration de Raphaël et le bip du moniteur enregistrant son rythme cardiaque. Le voir allongé sur le lit médical, un gros bandage autour de sa tête me fit un choc. Il avait l’air si fragile. Moi qui avais pour but de le protéger… Enfin après personne n’y pouvait rien. Il aurait dû prendre le chemin plus long. Mais bon ce qui était fait était fait. Je m’emparais de son dossier médical et m’installais silencieusement sur le fauteuil à côté du lit. Une commotion cérébrale légère mais avec des conséquences encore incertaines : trouble, voir perte partielle de la mémoire. J’eu un petit rire amer : moi qui avait voulu effacer les trois baisers échangé j’étais servi ! Je continuais ma lecture : poignet fracturé et un bleu au niveau des côtes mais à part ça rien de grave à déclarer. Le tout est  de voir comment son coup à la tête évoluerait. Je soupirais, fermant le dossier avant de frotter mes yeux avec ma main droite. J’étais perdu. Moins que le jour où on s’était embrasé. Mais quand même… j’avais mon travail… mais d’un autre côté le souvenir de ses baisers… Et de sa voix qui me disait vouloir apprendre à me connaître…  Avais-je seulement le droit d’espérer ?


@Raphaël de Cambridge

Le coude appuyé sur l’accoudoir du fauteuil, je massais mes yeux d’une main, l’autre tenant le dossier sur mes genoux. Il y a deux jours on s’était embrassé et il y a deux jours que j’avais parlés avec Clément, faisant une mini crise de panique dans son appartement. Enfin au moins il avait su m’aider. L’idée de me changer les idées en essayant de sortir avec quelqu’un d’autre n’avait pas entièrement quitté mon esprit, même si je n’étais pas sur de vouloir le faire. Je n’avais pas pris de décisions. Clément avait mis le point sur le plus gros souci que serait une éventuelle relation avec Raphaël : le coté secret. J’étais excessif, j’avais besoin de montrer mon affection. Déjà envers mes amis mais alors si jamais j’étais en relation…

Je redressais vivement la tête quand j’entendis un mouvement contre les draps. Dans la chambre silencieuse, seulement inter coupé des bips, ce bruit se percevait facilement. Je me redressais quand je vis la main de Raphaël bouger. Ses sourcilles étaient froncés, signe aussi qu’il avait bougé ou qu’il était en partie conscient. J’espérais qu’il se réveillerait sans trop de dommages et qu’il ne finirait pas dans un coma. Je m’approchais doucement du lit, remettant au passage le dossier dans la pochette au pied du lit. Je restais un moment silencieux, à côté du lit. Il finit par ouvrir et parler à mon plus grand soulagement. Il demandait où il était, mes angoisses quant à sa perte de mémoire prenaient entièrement le dessus, mais j’essayais de me rassurer. La désorientation était une possibilité aussi.

« Raphaël ? Raphaël vous êtes à l’hôpital. Vous avez faits une chute. »

J’avais parlé d’une voix douce, n’élevant pas trop la voix me penchant vers lui légèrement. Je faillis lui dire de ne pas bouger, mais me rectifiais, il n’aurait pas pu de toute façon, et le prévins juste que je revenais de suite. Sortant de la chambre j’avertis les deux gardes que le prince était réveillé. L’un deux alla chercher le médecin, alors que je retournais dans la chambre. Je m’approchais du lit encore une fois.

« Raphaël ? C’est Andrew… Vous savez qui je suis ? »

Je devais savoir, est ce qu’il se souvenait de qui il était ? De qui j’étais moi ? Est-ce qu’il se souvenait de tout ?

Je le vis directement mettre ses mains sur ses oreilles. Merde. Moi qui avait déjà parle bas... Enfin peut être que ce n'était pas un mauvais présage et juste les premiers instants après le réveil? Enfin, le laissant deux minutes j'allais prévenir les gardes avant de revenir. L'inquiétude avait fait envoler toutes ces questions que j'avais eu sur nos baisers, sur nous deux, le futur, mon métier etc. Du coup j'essayais de voir s'il se souvenait de quelque chose. Il ne répondit pas directement a ma question s'il me reconnaissait ou non, mais le fait qu'il se présente d'abord me laissa indiquer que la notion "Andrew" pouvait être floue pour lui. J’allais répondre, quand il ouvrit doucement les yeux. Je le fixait pendant un instant, pour la première fois depuis deux jours. Deux jours a me torturer l'esprit loin de lui. Deux jours a flipper comme un malade pour milles et une raisons: mon boulot, son statut, mes sentiments, la presse, mon père et ainsi de suite. Mais la de suite ce qui comptait c'était Raphaël. Laissant mes émotions de cote j'essayais d'enclencher le mode professionnel. Hochant simplement la tête je répondit enfin:

 "J'ai reçu un appel plus tôt d'une collègue, la garde du corps de votre soeur. Vous vous êtes pris les pieds dans un des tapis rouges pas encore bien déroulés au palais. Vous avez chuté dans les escaliers. Un bleu au côtes, le poignet gauche fracturé et un coup à la tête. Le médecin a prévenu que des troubles de la mémoire pouvaient survenir, sans êtres permanent cependant."

J'avais parle d'une voix calme et basse, essayant de l'agresser le moins possible. Mes deux mains posées sur les barreaux aux coté de son lit je le regardais, non je le scrutais, inquiet. La moindre emotions, le moindre traits de son visage, le moindre indice sur ce qu'il penssait, ce à quoi il se souvenait, une once du Raphaël que je connaissait qui essayerait de faire une blague. C'était drôle d'ailleur. Au début quand vous commencer a travailler comme garde du corps, les gens sont gene, distant, ne savent pas quoi dire, comment s'exprimer. Mais a force de se côtoyer une certaine proximité se forme. Une relation de confiance, de confidences aussi. Les gens se détendent petit a letit. Avec Raphaël cette relaxation impliquait l'immense privilège d'avoir droit à ses blagues.

Je me demandait a quoi j'aurais droit si jamais il avait perdu la mémoire au point de ne pas se souvenir de moi. Même si ce serait bizarre qu'il ne se souvienne juste pas de moi, mais quand même... D'un autre coté.... Recommencer les choses a zéro, essayer de voir plus tôt s'il n'éprouve pas quelque chose... Je chassais cette pensée de ma tête aussi vite que possible. Raphaël était prince, et moi son garde du corps. Sa protection était ma priorité, lui procurer une relation celle du protocole de la famille royale. Et je devais m'y plier, tout comme lui!

Je fais un geste pour le retenir alors qu’il se redresse légèrement. Mais voyant qu’il n’en fait pas trop je le laisse faire laissant mon bras retomber. Il me dit alors de ne pas m’en faire qu’il se souvenait de mii. Fronçant les sourcils je le regardais, scrutant ses émotions tout en écoutant ses paroles. Je devin sceptique. Il était bizarre. Il n’aurait pas réagis de la sorte, même sans l’amnésie du au baiser. J’eu un petit rire alors qu’il parlait de son côté bavard. Ça m’avait toujours fait rire. Il parlait beaucoup par moments et pourtant j’avais parfois l’impression de ne pas le comprendre. Lui jetant un regard sérieux, n’ayant pas oublié ses paroles précédentes j’allais lui répondre quand le médecin rentra dans la pièce. Je me reculais du lit pour lui laisser la place et le laissa faire son expertise. Après quelques tests et une rangée de question le médecin hocha simplement la tête. Ils allaient commander un IRM pour le matin même. Il devait être un peu plus de minuit pour l’instant. L’IRM était prévue pour sept heures. Mais en sois il était confiant sur le bon rétablissement du prince. Quittant la chambre avec des dernières recommandations sur le fait de bine s’hydrater et de se reposer, je le suivais du regard. Mike un des gardes était partit faire son rapport à la famille. Normalement ils ne devaient pas accourir avant demain pour le coup maintenant que Raphaël était hors danger.

Un petit silence s’était installé dans la pièce. J’observais Raphaël sans m’en cacher, ayant l’excuse de son état de santé et de mon inquiétude. Excuse qui n’était pas fausse. Je laissais e silence se prolonger avant de lâcher dans un murmure.

« On peut dire qu’on a sauté la phase ‘se mettre les bâtons dans les roues’ avant de se rendre compte qu’on s’aime bien… »

Je lui jetais un regard furtif, essayant d’évaluer sa réaction avant de finir toujours dans un murmure mais de manière incertaine :

« Enfin, je crois ? »

J’avais fait référence à son film pour introduire le sujet du baiser. Ça pouvait paraitre rude mais j’avais besoin de savoir. Deux jours que je me demandais ce que moi j’éprouvais pour le prince. Une simple attirance ? Un simple flirt ? L’excitation du au côté interdit ? Si ce n’était qu’une simple attirance pourquoi il avait tant d’importance pour moi alors ? On ne pouvait pas non plus parler de flirt dans notre cas, ayant toujours veillé à ce que mon comportement reste professionnel. Enfin presque toujours. Et pour ce qui est de l’excitation du coté interdit. Ce n’était pas mon genre ; j’aimais les choses claires et précises et j’aimais montrer mes sentiments. J’avais bien dû m’avouer que je l’avais embrassé parce qu’il était devenu un peu plus important que prévu dans le cadre professionnel. Je savais qu’on ne pouvait pas, ni aujourd’hui, ni demain. Du coup il n’y avait qu’une solution : oublier. Oublier et passer à autre chose en priant pour que je ne me laisse plus aller. En tout cas il faudra que je me contrôle au travail, mais je savais que je pouvais le faire. Mais d’abord évaluer la réaction du prince, savoir ce que lui compte faire, en espérant qu’il aille dans ma direction. Si pas… J’avais peur de où cela pouvait nous mener, sachant à quel point il était têtu.

Donc oui on ‘s’aimait bien’. Je fis un simple sourire polis et hochais doucement la tête à sa réponse, plus qu’énigmatique. Est-ce qu’il se souvenait du baiser ? Pour le coup on avait parlé du fait qu’il aimerait me connaître plus ce jour-là. Mais vu la manière dont il avait parlé, impossible de se dire oui ou non il se souvenait de ce qui s’était passé ce jour-là. Cependant il ne m’avait pas dit ce jour-là qu’il m’appréciait. Il me l’avait fait comprendre, mais pas comme ça. Pas avec ces mots-là. Il m’aimait bien… Mais est-ce que c’était plus qu’une simple appréciation ? J’étais content d’en avoir parlé avec Clément. La voix de mon ami résonna dans ma tête et je restais calme, essayant d’abord d’évaluer la situation avant de me faire des films. Je n’avais jamais vraiment envisagé que le prince pourrait être amoureux de moi éventuellement. Et je ne l’envisageais toujours pas, c’est juste que s’il l’était ce serait problématique.

Je fus sortit de mes pensées par le prince. Hochât la tête je m’emparais du verre posé sur sa table de chevet et me dirigeais vers la salle de bain pour le remplir au robinet. Mes gestes étaient mécaniques, mon esprit tourmenté par la situation. Si jamais il avait des sentiments pour moi c’était problématique ne effet. Avoir des sentiments pour quelqu’un était une chose, ne pas pouvoir approcher ce quelqu’un en était une autre. Mais si les sentiments étaient réciproques là ça devenait de la torture. On ne pouvait juste pas être ensembles. Enfin heureusement le prince avait juste dit qu’il m’aimait bien. Ça pouvait tout aussi bien être amical qu’autre chose. Comme Charlotte et Alix, de bonnes amies. Revenant à la chambre je voulu lui tendre son verre mais avec son poignet gauche cassé je ne savais pas s’il pouvait déjà bouger son bras droits.

« Vous voulez que je vous aides ? »

Aider un blesser à boire, pleins de gens l’avaient déjà fait, j’avais été formé pour ça. Ca ne pouvait pas être si grave. Et pourtant je sentis mon estomac se contracter légèrement à l'idée de me pencher au-dessus de lui aussi près…

Je lui tendis le verre d’eau mais je me doutais aussi qu’il allait avoir du mal, du coup je proposais mon aide. Je savais que Raphaël n’aimait pas trop se faire materner, imposer mon aide dès le début n’aurait pas été la bonne solution. Bon nombre de fois qu’il se défendait être grand assez. Je me penchais du coup vers l’avant, amenant le verre à ses lèvres avec précaution. Je m’interdis toutes pensées sur ses lèvres, me concentrant sur ma tâche. Alors que je redressais lentement le gobelet le bip du moniteur s’emballa un peu. Dans la seconde qui suivait Raphaël recracha en toussotant.je m’éloignais rapidement, posant le verre sur la table de chevet avant de m’emparer des mouchoirs présent sur la table de chevet. Je le vis rougir, mais comme avec le moniteur je ne relevais pas. Je ne pouvais commencer à me faire des espoirs sur tout et n’importe quoi. Est-ce que son cœur s’était emballé à cause de ma proximité ? Ses joues rougies parce que j’avais été trop proche ? Je ne pouvais et ne voulait pas passer mon temps à analyser ses gestes et les interpréter. Un jeu trop dangereux, beaucoup trop dangereux. Du coup je m’étais promis du ne plus interpréter ses gestes autres qu’un patron qui apprécie son employé amicalement. Je secouais la tête à sa question.

« Non monsieur, ne vous en faites pas. Vous permettez ? »

Alors que j’avais déjà tamponné les draps j’essuyais sa bouche. Si son bras lui faisait trop mal pour boire, il aura certainement mal aussi en faisant le même geste pour s’essuyer la bouche. Je revins ensuite à la charge avec le verre d’eau essayant de le faire boire, lui demandant d’y aller doucement. Je me fis violent pour ne me focaliser que sur le verre. Pas ses lèvres, ni ses yeux, juste son verre. La tâche accomplie je retournais le remplir un peu, souriant pour-moi-même alors que je lui tournais le dos. Je n’aurais peut-être pas à quitter mon travail finalement. Après tout je ne m’en sortais pas mal jusqu’ici. Et même si Raphaël se souvenait du baiser… Si j’avais assez confiance en mes capacités, je n’aurais qu’à lui dire que je n’étais pas moi-même ce jour-là. Bouleversé par une annonce personnelle ? Ca passerait non ? Toujours mieux que de lui dire que j’avais eu envie de le prendre contre ce fichu mur. Du coup retournant vers lui je me mis à côté de son lit, les mains dans le dos en posture de travail. J’étais son garde du corps, rien de plus. Et je décidais de faire le premier pas direct quant aux baisers échangés.

« Monsieur… Je tenais à m’excuser du comportement de l’autre jour. Je n’étais pas vraiment moi-même. Je n’aurais jamais dû et je m’en excuse. »

Légère inclinaison de la tête je me retournais déjà pour aller m’asseoir. Qu’il l’interprète comme bon le semble. J’avais les joues serrées et je ne voulais pas qu’il voie l’effort que j’avais mis dans mes mots. Moi qui avait été enhardi de mon succès avec le gobelet j’avais peut-être parlé un peu vite en me lançant comme a, mais au moins c’était dit.

Le dos tourné au prince je me permis de souffler un peu après me mots. Ils avaient été durs à prononcer, même si je savais que c’était ce qui devait être fait. C’est sa voix pourtant qui me fit me retourner avant que je n’ai atteint le fauteuil de l’autre côté du lit. Je me trouvais donc au pied du lit, à lui faire face. Il n’avait pas l’air heureux, loin de là. Je baissais les yeux alors qu’il me demandait si je n’avais pas du tout eu envie. Si j’en avais eu envie, et je crevais d’envie de recommencer. Je relevais le regard et plongeais mes yeux dans les siens. Même avec la distance je percevais ses yeux verts. Même avec la distance je savais lire qu’il était blessé. Mais grâce à la distance je pus rester neutre et ne pas flancher.

« La question n’est pas de savoir si j’ai envie ou pas, mais si nous avons le droit. Et nous ne l’avons pas ! »

Je le regardais un instant. Je savais que je devais rester professionnel, et que je ne pouvais pas me laisser aller à mes sentiments mais lui mentir ne me semblait pas être la meilleure solution aussi. Lui jetant un regard légèrement torturé je détournais les yeux vers le sol. Si jamais quelqu’un d’autre m’avait embrassé je l’aurais repoussé. Nous avions eu l’idée avec Clément que je pourrais fréquenter quelqu’un d’autre pour me changer les idées… mais mes sentiments étaient trop ancrés pour ça… Tout ce que je pouvais espérer c’est que ça passe… Ou que je sois promus grand-duc et que le mariage gay royal soit autorisé. Mais bon. J’avais parlé la première fois d’une voix douce et je repris sur le même ton, le regard baissé.

« Ça aurait été quelqu’un d’autre rien ne se serait passé… »

Je ne voulais pas qu’il croie que j’ai profité de la situation ou que j’étais un coureur de jupons. J’avais eu cette impression-là la dernière fois et ce n’était pas agréable. Je ne savais toujours pas s’il éprouvait quelque chose pour moi mais je ne voulais pas le blesser.

Je relevais mon regard sur lui alors qu’il me demandait si j’en avais envie. Je le regarde dans les yeux depuis ma place au bout du lit avant de baisser les yeux, sans répondre à sa question. Le silence était une réponse en soi. Mais que pouvais-je faire d‘autre ? Lui répondre ‘oui’ détruirait les barrières que j’étais en train de construire pour nous protéger. Il ne devait pas s’attarder avec quelqu’un comme moi, il devait trouver quelqu’un d’autre, quelqu’un de son rang. Pour le bien de la famille, pour son bien à lui. Et pour le mien. J’aimais mon travail et c’était une histoire familiale. Je ne voulais pas décevoir mon père ni perdre mon poste parce que j’avais été frivole ou audacieux. De plus que se passerait-il si jamais je me faisais virer ? Lui resterais prince, mais moi ? Moi je devrais tout recommencer !

Les yeux toujours baissés je répondis à sa deuxième question. Je savais que c’était risqué de lui donner de tels espoirs, et il y avait des chances qu’il el prenne comme une carte blanche, mais quand il reprit la parole il m’étonna à me vouvoyer, ce qui me fis relever le regard vers lui finalement. J’expirais doucement, inconscient que j’avais retenu ma respiration, et le nœud dans mon estomac se défis un peu. Un garde du corps et son protégé, rien de plus. Pour moi il avait compris cela et il l’acceptait, se pliant aux règles. J’en étais soulagé. Inclinant légèrement la tête je clos le sujet de la sorte, sans répliquer. Il n’y avait rien de plus à dire. Il avait compris que je n’avais pas joué avec lui, mais que rien ne serait possible et c’était mieux ainsi. Il me demanda si j’allais partir après un coup d’œil à la montre. Je savais qu’il n’aimait pas les hôpitaux et secouais donc la tête négativement.

« Je vais rester jusqu’à ce que votre famille arrive demain ! »

Je m’installais finalement dans le fauteuil, sortant mon téléphone pour envoyer un message à Alix, la tenant au courant que je restais à l’hôpital avec le prince, qu’il s’était réveillé et que tout allait bien. Mes collègues s’en étaient certainement occupés, mais c’était histoire de m’occuper. J’étais sincèrement content que la conversation sur notre échange soit terminée. Autant je me devais de construire des barrières autant s’était compliqué quand votre fantasme ambulant vous criais presque au visage qu’il avait envie que vous l’embrasser à nouveau, et qu’il était heureux de savoir que vous n’auriez rien fait avec quelqu’un d’autre. Ses deux phrases m’avaient mis la puce à l’oreille quand à ce qu’il pensait de moi. Mais nous ne pouvions pas.