Everything I've loved became everything I've lost ❧ ft. Katerina

Katerina & Gemma

❧ Everything I've loved became everything I've lost

Tu revois ses jambes s'activer énergétiquement pour pédaler sur son vieux vélo à travers le parc. Tu te remémores son rire résonner parmi les arbres. Rire désarmant. Rire envoutant. Rire qui se mêle au tien. Ensemble, vous rayonniez de bonheur. Rien n'était censé freiner votre course. Et pourtant... Il a finit par s'autodétruire. Il s'est tué à petit feu. Overdose. Tu le regrettes. Depuis qu'il n'est plus là, c'est comme si on avait retiré une partie de toi. Oui, tu vis encore. T'as remonté la pente. Tu ne déprimes plus. Tu es une femme forte, Gemma, mais il te manque. Andrew. L'amour de ta vie. Le fléau de ton existence. Celui qui a fait battre ton cœur un peu plus vite. Le seul que tu as admiré. Le seul qui t'a fait rêver. Il ne doit sûrement pas y avoir de hasard. On crée des liens en fonction de ce que l’on pense de nous-mêmes. Et finalement, tu ne dois pas avoir tellement confiance en toi pour pour ne pas avoir le courage de passer à autre chose. Tu dois te dire que tu n’es pas digne d’être aimée pour de vrai. C'était vous deux contre le monde. Aujourd'hui, il n'y a plus que toi. Tu te sens si seule. Pour ne pas penser à lui, pour ne pas imaginer tout ce que tu pourrais lui dire si seulement il t’écoutait, il t'arrive de te jeter dans des bras sans le moindre émoi, juste pour combler ton indicible vide. A défaut de vivre d’amour et de d'eau fraiche, tu as des aventures. Et pour changer de la platitude de tes rencontres qui s’enchaînent et ne servent à rien, il y a Aden. Aden, tu ne sais pas trop quoi en penser. Tu sais juste qu'il est différent des autres. Il est plus que les autres. Mais tu sais que si ça continue comme ça, votre aventure va inéluctablement mener à ta perte. Aden, tu l'apprécies. Un peu trop. Et forcément t'as peur de lui. Ou plutôt t'as peur de l'emprise qu'il peut avoir sur toi. T'as peur de t'accrocher et de te faire mener en bateau. Tu préfères te dire qu'après Andrew, il n'y aura personne. Tu as déjà ressenti ton lot de souffrances, tu ne veux plus de ça. Tu fermes les yeux un instant en respirant l'air frais du parc. Son parc. Il aimait cet endroit. C'était sa forteresse à lui. Il venait pour y fumer ses joints, tranquillement, à l'abris des regards. À l'époque où la seule drogue qu'il consommait était la marijuana tu ne te serais jamais douté où tout cela allait le mener. De fil en aiguille, il a commencer à sombrer. Tu ne sais pas si c'était à cause de ses pseudo potes qui le tiraient vers le bas où si c'était à cause de sa famille. C'est ok, disait-il lorsque tu essayais de le mettre en garde par rapport à ses consommations abusives. Non, ce n'était pas ok. Tu fourres tes mains dans la poche de ton trench et en sort une cigarette. Tu l'allumes. Tu lui donne le pouvoir de bousiller tes poumons. Tu tire dessus. Ça te calme un peu. Tes addictions à toi, c'est la nicotine et la caféine. Heureusement que ce n'est que ça. Tes pieds t'emmènent jusqu'à ce banc où Andrew et toi aviez l'habitude de vous poser. Un banc que, contre toute attente, tu trouves occupé. Tu reconnais sans difficulté la longue chevelure couleur chocolat de Katerina. « Kat ! » Tu t'assois à côté de la belle brune. Les commissures de tes lèvres s'étirent pour former ce qui ressemble à un sourire. Sourire triste. Sourire plein de nostalgie. Tes yeux croisent les siens. Elle est venue pour les même raisons que toi. « Toi aussi, il te manque. » Ce n'est pas une question. Tu sens ton cœur se serrer. C'est le cas à chaque fois que tu parles d'Andrew. Même lorsque tu ne prononces pas son prénom. Ta tête va se loger au dessus de l'épaule de ta sœur de cœur. Tu tires une énième latte de ta cigarette et tu la lui tends. Comme au bon vieu temps. « À Andrew. » Faute de boire à son honneur, vous allez fumer.

LUCKYRED

Arrivée à Cape May : 13/12/2014

Everything I've loved became everything I've lost

ft. Kate Richardson et Gemma Fergusson

« lost on you »

Il y a parfois des choses qui ne sont pas faciles, des choses qui nous arrivent parfois minimes et qui pourtant cache des secrets bien plus profonds, des douleurs incomparables, inégalables et inimitables. Cette déferlante de sentiment de deuil, de chagrin et désolation. Alors tu suis cette vague si puissante, si grande et parfois, tu te laisses bousculer, tu t'autorises même à boire une ou deux tasses... Mais toujours à faire attention à ne pas se noyer dans cette spirale si dangereuse.

On ne pouvait pas toujours être au top, ça s'est sûr. J'avais encore du mal à l'accepter, mais c'est un fait, parfois... Il faut s'autoriser à être faible pour devenir plus fort. Alors c'est automatiquement que j'annulais mon programme de la journée, mes obligations. Je me lavai tranquillement, moi qui d'habitude fait toujours tout rapidement, ayant une vie bien plus que mouvementées. Je faisais tout, tout doucement. Aujourd'hui, je le faisais. Je m'habillais en noir, comme mon cœur en deuil malgré que quatre ans se sont écoulés.

Il n'y a pas de durer, d'années limites pour ce genre de douleur, ce genre d'épreuve qui change une personne, qui change une vie. Mon âme restera meurtrie malgré tout. Je pris un gros carton enfoui dans mon tiroir et l'ouvris. De nombreuses photos de lui et de moi, des bandes de son, des rires, des t-shirts et tout un tas de choses. Les plaies de mon cœur, celles qui se guérissent au fil du temps, des rires et des moments joyeux se déchirent peu à peu, à chaque instant, chaque respiration bien plus meurtrière les unes que les autres.

Après un moment, je finis par ranger ma boite. J'avais de la chance que mon frère et ma sœur n'étaient pas là. Ils m'avaient déjà ramassé tellement de fois à la petite cuillère, je ne voulais pas qu'ils sachent que j'étais encore profondément malheureuse, qu'ils se sentent impuissants face à mon désespoir. Je partis de chez-moi et c'est instinctivement que j'allais au parc. Cet endroit. Ce lieu si sacré, si emblématique à mon cœur. C'était à cet endroit que nous nous promenions ensemble, sans arrêt. C'est aussi à cet endroit que je l'avais rencontré.

Je m'installais donc sur le banc, je fermais les yeux et je laissais la brise légère me décoiffer. Mon cœur battait plus vite. C'est peut-être bête, mais j'avais la terrible sensation, que le vent fouettant ma peau si subtilement, si doucement était un signe de sa part, qu'il était présent avec moi en quelques sortes et de ce fait, une petite caresse sur mon visage comme pour me consoler, me donner de la force. La force et le courage de pouvoir vivre sans lui, me pousser à toujours plus, qu'il était là et le restera toujours pour moi.

C'est quand j'entendis une voix m'appelais que j'ouvris les yeux, je reconnaissais cette voix par cœur. C'est la voix d'une jeune femme, toute aussi détruite que moi par la disparition de cette personne si cher à nos deux cœurs. Gemma, ma petite sœur de cœur, ma voisine. Celle qui avait une place tout aussi privilégiée dans le cœur cet amour disparu maintenant. Je tournais la tête vers elle, nos sourires sont similaires, ils sont tristes, nostalgiques, pleins de souffrance, mais heureux de ne pas être seul dans cette épreuve.

Je ne répondis rien à son affirmation. Que répondre ? Nos deux présences à cet endroit parle-d'elles même. Elle s'installa à côté de moi et me proposa une latte en l'honneur d'Andrew. Je me mordais la lèvre « Ce n'est pas une bonne idée » Dis-je doucement. Ce qui est arrivé à Andrew avait bien failli m'arriver et je ne voulais pas retomber dans cette spirale infernale, je lui avais promis que je m'en sortirais. Que je reprendrais ma vie en main, qu'il pourrait être vraiment fier de moi là-haut. Puis je ne serais jamais réellement guérie de cette addiction et je savais que toute ma vie serait un véritable combat pour ne pas chuter.

Je refusais donc, et je fermais les yeux tentant d'oublier cette odeur. C'est comme proposer un verre à un alcoolique, l'emmener dans un bar et lui faire sentir les saveurs alcooliser. C'est une torture. Mais je prenais cette torture avec grand plaisir. Pour lui. Je savais qu'elle était aussi mal que moi, je voulais tellement lui dire des choses rassurantes, qui la feraient tenir debout. Mais je ne disais rien. Je contentais de coller ma tête à la sienne qui était sur mon épaule. Je le pensais fortement, je le sentais fortement. Je suis là Gemma, je suis là pour toi.

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Katerina & Gemma

❧ Everything I've loved became everything I've lost

Tu n'as pas eu une jeunesse facile, tu as dû faire un tas de décisions cruciales à cette période de ta vie, sans pour autant posséder la maturité nécessaire. Pourtant, il y a bien une chose de cette époque pas forcément merveilleuse que tu voudrais retrouver: Andrew. Parce que, aujourd’hui, c’est dans un cimetière austère que tu peux figer sa tombe glaciale. Et toi, les endroit morbides, ça te revulse. Andrew te manque. Très fort. Comme un repère. Comme un point fixe et rassurant. Tu donnerais tellement pour avoir le bonheur de t’énerver et de perdre patience alors qu'il se moque gentiment de l'une de tes manies pour te taquiner. Sur le coup, tu ne te rendais pas compte à quel point le fait de l'avoir à tes côtés était un privilège. A chaque fois que tu es triste, tu aimerais pleurer sur son épaule, qu’il te prenne dans ses bras. Tu donnerais tout pour sentir à nouveau l'odeur enivrante qu'il dégageait. Il a été un véritable support pour toi. Quand ta mère s'est tiré. Quand les petites racailles de votre cité s'amusaient à faire chier Eden par rapport à sa sexualité. Quand Ryan s'était retrouvé en Irlande je ne sais comment. T'aurais tellement voulu avoir été capable de l'aider. Ne t'inquiète pas Gemma. Je ne suis pas dépendant. Je peux arrêter quand je veux. Ça ira. Je vais bien. C'est ok. La voix d'Andrew résonne dans ta tête. Inconscient, voilà ce qu'il était. C'était un gamin désabusé avant l'age, immature après l'heure, blasé, cynique, t'aurais du savoir que ça n'allait pas. Il s'est foutu en l'air, il est parti en vrille et toi t'as rien pu faire. Un coup de téléphone de sa sœur. Des reniflements qui t'inquiète. Tu la sent venir. Trois mots. Trois mots lourds de sens. Et ton monde qui s'écroule. Clope au bec, tu te ballades dans ce parc où il passait le plus clair de son temps. Il n'aimait pas être enfermé entre quatre murs, lui. Il avait soif de liberté et d'aventure. Il adorait découvrir de nouveaux endroit. Et ce parc, c'était son jardin secret à lui. Tu le revois assis sous chacun de ces arbres qui se dressent devant toi. Le bleu de ses yeux semblant être en continuité avec celui du ciel. Ciel clair qu'il observait en écoutant sa musique que tu jugeait assourdissante. Et en revoyant ces images, tu comprends Proust. Les petits riens qu’il faisait comme une évidence. Une évidence simple et anodine. Du moins en apparence. Parce que, aujourd’hui, en y repensant avec un regard d’adulte, tu trouves le moindre de ses gestes sublime et plein de sens. Tes pieds te mènent jusqu'à ce banc que vous aviez l'habitude de squatter Andrew et toi. La longue chevelure brune de Katerina y virevolte au rythme du vent. Tu souris lorsque ton regard croise le tien. Un sourire triste mais qui n'en est pas moins sincère. Cette fille, tu la considère comme ta grande soeur. C'était la meilleure amie d'Andrew. Tu n'aurais surement pas pu affronter sa mort sans elle. Vous vous êtes beaucoup soutenues, d'autant plus que c'est ta voisine. Depuis cette épreuve, vous êtes devenues très proches. C'est l'une des rares personnes en qui tu as une confiance aveugle. Tu t'assois à ses côtés en posant délicatement ta tête sur son épaule. Tu lui propose de tirer sur ta cigarette, puis regrette tout de suite ton geste lorsqu'elle refuse. « Je suis désolée Kat. » Tu te pince la lèvre inférieure, comme tu le fait à chaque fois que tu es honteuse. Katerina, elle a arrêté les conneries. Elle était tout aussi dépendante qu'Andrew, mais la mort de ce dernier lui a fait ouvrir les yeux. Elle s'est reprise en main et t'es pas peu fière d'elle. Elle a changé. Elle étudie la médecine, même. C'est devenu une toute autre personne. Une personne que tu admires. Tu jettes ta clope par terre sans la finir. Tu sais a quel point la tentation peut être insuportable pour une personne anciennement accro. « J'suis ailleurs. J'ai pas les idées claires. Je crois que c'est dû à toute la pression que je vis en ce moment. » Tu as besoin de te justifier. Tu peux tout lui dire. « Et aussi au déferlement d'émotions que je ressens à chaque fois que je viens ici. » Tu penses à lui. Tu penses à lui et ton esprit s'empli de ce sentiment d'inachevé. Tu imagines toute les choses que vous auriez pu accomplir. Tu détestes ce vide qu'il a laissé derrière lui. « Tu crois qu'il nous vois de là-haut. » Tu aimerais savoir. Tu aimerais savoir s'il ressent quand tu penses à lui.

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Arrivée à Cape May : 13/12/2014

Everything I've loved became everything I've lost

ft. Kate Richardson et Gemma Fergusson

« lost on you »

Je souriais doucement « Tu n'as pas à l'être » Fis-je doucement « Je ne t'en veux pas, mais pose-toi seulement une question... Tu penses qu'Andrew aimerait te voir fumer ? » Lui demandais-je alors. Oui, c'était peut-être un peu l'hôpital qui se fou de la charité. Mais c'est vrai, je savais ce qu'aurais penser Andrew s'il voyait Gemma prendre ce chemin-là. Je le vois tellement, une ride au milieu du front, les lèvres pincées et affirmant « Fais ce que je dis, pas ce que je fais bordel ».

Je soufflais fortement, j'avais l'impression que mon cœur allait s'en voler. Il se battait, il cognait bien trop douloureusement dans ma cage thoracique. Cette douleur insoutenable, me rendait plus fragile et tellement plus forte à la fois. J'ouvris la bouche pour la fermer à nouveau, tout comme Andrew, je n'avais jamais été très douée à exprimer mes sentiments, ce que je ressentais au fond de mon cœur. Alors je fis comme à chaque fois, je me taisais.

Heureusement que Gemma reprit la parole à nouveau « Il y a d'autres solutions que de fumer, crois-moi, il ne faut pas commencer quand tu as des soucis » Lui dis-je d'un ton maternel « Car au final, tu commences à y prendre l'habitude et à tomber dans un cercle vicieux... Crois-en mon expérience, crois-en à l'expérience d'Andrew » Fis-je alors d'un ton plus sombre, d'une voix brisée. Je me redressais quelque peu « Si tu as besoin de parler, tu sais que je suis là, ne l'oublie jamais... Ne fais pas cette erreur, ne te laisse pas détruire, ne te laisse pas bouffer » Lui dis-je alors doucement en lui caressant doucement les cheveux.

Je souriais doucement quand elle me parla de cet endroit « Tu sais, c'est ici que j'ai rencontré Andrew pour la première fois » Dis-je en souriant « C'est aussi ici qu'il s'est confié à moi, peu de temps avant sa mort » Lui dis-je « Je me rappelais toujours de ce passage » Continuais-je avec un sourire nostalgique « Je l'entend encore avec sa voix timide, en train de rougir... Il n'était pas dans son élément ça s'était sûr, sorti de ses sentiers, il m'a regardé droit dans les yeux, déterminé et il m'a fait : Kate, je crois vraiment que Gemma, c'est la bonne... Je suis complètement fou amoureux d'elle, un jour, elle deviendra ma femme, je ferais tout pour être digne d'elle... Tu y crois ça » Lui révélais-je alors doucement.

C'était une de mes dernières conversations avec lui. Je savais que Gemma n'était pas au courant, il n'avait jamais pu lui dire, déjà bien trop fier... Et par manque de temps. Andrew était le mec qui avait le plus confiance en lui sauf quand il s'agissait de ma voisine, là, il était totalement perdu et peu sûr de lui. Il était adorable. Je levai les yeux dans le ciel alors qu'elle me posait cette question « J'en suis certaine, j'ai la sensation constante qu'il est toujours avec nous, qu'il nous abandonnera jamais » Lui dis-je doucement.

Je me mordis la lèvre un peu avant de reprendre « Tu sais, quand je ferme les yeux et que le vent m'enveloppe, je crois fermement que c'est un signe de sa part pour me dire qu'il est là, que c'est pour lui la seule façon de communiquer et que je devais rester forte à chaque instant et vivre. Vivre et profiter de la deuxième chance que j'ai, la chance qu'il n'a pas eue » Lui révélais-je alors doucement, c'est la première fois que je lui faisais part de cela à quelqu'un.

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Katerina & Gemma

❧ Everything I've loved became everything I've lost

La nostalgie se mêle au chagrin. De toute façon, c’est dans ta région du monde qu’on a inventé la mélancolie. Il y a trois ans. Trois ans que le ciel a décidé de rappeler l'une de ses plus belles âmes. Andrew a tiré sa révérence. Il s’en est allé faire danser les anges. Et Andrew, il était de chair, de sang, de vie et de lumière. Tout sauf de pierre, de marbre ou d’argile. Tout sauf ce que tu aurais vu dans ce cimetière où il est enterré. C'est pour cela que tu préfère honorer sa mémoire en venant dans ce parc. Ce regard puissant, cette voix inoubliable, cette allure inimitable. Un personnage hors normes, fascinant et intrigant, captivant et mystérieux, devant lequel personne ne pouvait rester indifférent. Sans doute parce que lui-même ne connaissait pas l’indifférence. Un tempérament aussi flamboyant, c’est forcément ou le feu ou la glace qui l’anime, jamais l’entre-deux. Tu garderas toujours le souvenir de ce regard perçant et lumineux et ce n'est surement pas dans un cimetière que tu pourras te le remémorer. Ta tête sur l'épaule de Katerina, tu fixes ton pied écraser le mégot de ta cigarette. Tu te rends compte que Kat est devenue vraiment hostile vis à vis de toutes les substances psychoactives. Toutes sans exception. Quitte à tomber dans l'extrême. Mais tu préfères la voir comme ça. Toi tu fumes du tabac. Tu es accro à la nicotine, sans tomber dans l'excès. T'es pas une cheminée. Tu grilles entre trois et cinq clopes par jour. Rien de dramatique. Ça te détend un peu, c'est tout. « T'inquiète Kat, c'est juste du tabac. Je ne suis pas en train de sombrer. D'autant plus que je fume très peu. » Tu essayes de la rassurer. Tu sais que les personnes ayant vraiment été dépendantes n'ont que deux alternatives. Sombrer ou être sobre à cent pour cent. Elles ne peuvent pas se permettre de doser. Ce n'est pas ton cas à toi. Toi, tu as la chance de pouvoir te controller. Andrew, tu fumais avec lui. De là où il est, il a surement pris du recul et aimerais te voir lacher ces conneries. « S'il est resté le même je crois qu'il s'en grillerait une avec moi, mais bon, il a surement prit en maturité là haut... » Tu sais que fumer tue. Tu l'as lu sur tout les paquets de clopes que tu as acheté. Merci le ministère de la santé. Et vu qu'il voit tout ce qui se passe sur terre, Andrew le sais mieux que toi maintenant. Ces petits bâtonnets blancs qui semblent si inoffensifs au premier abord finiront au meilleurs des cas à te rendre les dents jaunes et dans le pire à te clouer dans un lit d'hôpital avec une tumeur. « Je sais. » Tu souffles simplement alors que la jolie Katerina te caresse délicatement les cheveux. Elle a toujours été là pour toi. Et toi pareil. Tu espères que ça ne changeras pas. « En tout cas, je suis très fière de voir que tu as laissé tomber toutes ces merdes. Docteur Richardson. » Tes lèvres s'étirent lorsque tu prononces son titre. Tu es vraiment heureuse de savoir qu'elle avait repris sa vie en main. Et de quelle manière ! Elle exerçait ce que l'on appelait le métier noble. Toi tu n'aurais pas pu te lancer des études de médecine. D'abord, parce qu'elles étaient trop longues et laborieuse et ensuite parce que, toi, tu as toujours détesté les hôpitaux. Tu te sens toujours mal dans ces chambres qui puent l’éther. Les perfusions t’effraient. Tu as horreur de ces moments où tu prends comme une claque ce que la vie a de glauque. Tu n’arrives même pas à faire semblant que rien ne t’y affecte, c’est dire si tu es mal. Kat t'apprend que c'est dans ce petit parc qu'elle a rencontré Andrew. Toi aussi tu as des tonnes de souvenirs avec lui ici. « J'ai eu ma premiere fois ici... enfin pas loin. » T'avais quinze ans. Vous l'aviez fait dans la voiture de son père, il l'avait garé à l'entrée du parc. Tu t'en souviens comme si c'était hier. Tu étais stressée à en mourrir. Tu savais qu'il en avait envie, mais il ne voulait pas te forcer la main. Il a été si doux avec toi. Il l'a toujours été, d'ailleurs. C'est difficile à croire pour les gens qui ne le voyait que comme une racaille, mais Andrew pouvait être un vrai gentleman s'il le voulait. La voix brisée, Katrine te raconte la fois où il lui a annoncé que tu étais la bonne. Qu'il était fou amoureux de toi. Qu'il aurait tout fait pour te mériter, pour être digne de toi. Et même qu'il se projetait avec toi dans le futur. « C'était mon âme sœur. Jamais quelqu'un ne m'aimeras autant. » Ta voix eat grave. Tu déglutis. Tu sens ta gorge te serrer. Et pour la première fois de ta vie, tu te sens égoïste. Égoïste de chercher à l'oublier voire à le remplacer alors que tu étais assise sur le banc sur lequel il t'avait déclaré son amour. Ce n'est pas ainsi que tu va garder sa lumière en mémoire. Cet instant devrait plus être celui du souvenir et des commémorations que celui de la projection. Tu grimaces légèrement tandis que tes joue s'empourprent. Tu as affreusement honte de toi. Tu baisses les yeux. Tu essayes d'empêcher tes larmes de couler. Il n'aimait pas te voir pleurer. Il avait horreur de ça même. Alors tu veux pas qu'il te voit craquer de là-haut. Tu restes digne. Tu restes forte. Pour lui. Katerina t'avoue ensuite qu'elle a l'impression d'avoir bénéficié d'une deuxième chance qu'il n'a pas eu. « Il doit surement aussi fier de toi que je le suis. Tu as su t'en sortir. Tu es une battante Kat. Dommage que ce ne soit pas le cas pour sa soeur... » Tu penses à Keira. La jolie Keira. C'est sur que si Andrew était encore là, elle ne serait jamais tombé aussi bas.

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ft. Kate Richardson et Gemma Fergusson

« lost on you »

Ce n'était jamais facile, tous les jours sans lui est une épreuve. Et c'est fou, tu rencontres une personne... Et alors, à cet instant... Tu ne te rends même pas compte combien cet individu va apporter à ta vie, à quel point il va avoir impact à ton existence, qu'il deviendra essentiel à ton bonheur, à ta raison de te lever chaque matin. Quand tu croises les prunelles de cette personne pour la toute première fois, tu ne te dis pas : elle, elle va changer ma vie à tout jamais. Que ce soit en bien ou en mal, qu'importe.

Mais après tout, ce qui arrive devait se faire, s'était écrit et rien n'arrive par hasard. Seulement, c'est avec une révolte scandaleuse et révoltante qui me tiraille les entrailles. La disparition de cet homme qui était un des piliers de mon existence était prévue, elle avait un but ? Mais quel but ? C'était incroyablement stupide, j'aurais échangé ma vie contre la sienne un millier de fois si j'avais su à l'avance. Le cœur au bord des lèvres, je réprimais mon mal-être à nouveau. Je savais dans le fond que c'était cet événement si douloureux à mon âme qui m'avait changée.

Sa mort était pour moi un électrochoc. J'avais arrêté de fumer, de boire, et j'avais repris sérieusement mes études, j'avais trouvé ma voie. J'avais arrêté de déconner. J'étais devenue une jeune femme sérieuse, altruiste, patience et calme... Mais ces qualités ont un prix. Oui, bien entendu, j'étais un modèle pour beaucoup comme ma voisine, Gemma.. Mais j'étais surtout une jeune femme bien brisée. Du haut de mes 25 ans, je ne trouvais plus de raison de rire, d'être joyeuse et de vivre tout simplement, j'existais et j'avais dans un monde que je ne considérais plus comme le mien.

Comment pourrais-je vivre dans un monde où lui, il n'était plus ? C'est complètement inimaginable. Mais je n'avais pas à me plaindre, je n'étais pas la seule à souffrir de cet ange dans le ciel. Il y avait aussi ma voisine, qui était sa copine... La jeune fille qu'Andrew aimait d'un amour vrai et que seule la mort a pu être entre-deux. Elle était justement avec moi, cette jolie blonde. Nous parlions de lui, je lui révélais des choses par rapport à lui et tout comme les brises de vent sur ma peau, sa présence me rendait plus forte.

J'avais comme devoir d'être là pour elle, de ne pas craquer devant. Je devais être l'épaule sur qui elle pouvait compter à chaque moment, comme à chaque fois. Et pas l'inverse. Non, mon épaule, c'était Andrew, c'était lui qui m'avait soutenue à ma toute première blessure, lui qui avait mis du ruban à mon cœur saignant. Il avait réussi au final, pour moi ce n'était qu'un vague souvenir douloureux. Je veux dire, si cela ne s'était pas passé... Je n'aurais jamais eu l'honneur de connaître Andrew comme je l'avais connu, il aurait été juste un vague pote de soirée.

Nous nous remémorions des souvenirs et nous parlions de ce qu'il pouvait penser de nous à l'heure actuelle « Je ne sais pas... J'ai l'impression d'être devenue comme les personnes qui n'aimaient pas... Une snobinarde » Souris-je doucement du moins, je savais que sa jeune sœur me voyait ainsi. J'étais rangée maintenant et souvent les gens de la rue ne trouvaient pas ça très cool. Mais bon, je me dis que c'était par envie. Enfin bon, il est sûr que je n'avais pas confiance en moi et qui sait ce qu'aurait pu devenir ce petit bout en train « Tu crois qu'il serait comment maintenant ? Tu crois que lui aussi serait devenu un homme ou bien toujours un petit branleur des rues ? » Demandais-je avec un vague sourire.

Oui, il est vrai que nous étions des branleurs, des têtes à claques qui s'en battaient de tout. Je voulais tellement retourner en arrière, remonter le temps et de dire le chemin à suivre, de changer les événements pour encore le voir aujourd'hui. Mais je savais que ce n'était pas possible. Pourtant, c'était mon rêve le plus cher. Et il est vrai qu'à chaque fois que je devais prendre une décision dans ma vie que ce soit avec un garçon ou bien en professionnel, j'ai toujours cette petite voix « Que penserait Andew ? » Mais je ne sais pas moi, puisqu'il n'est plus là.

Je me taisais un moment, je n'étais pas trop du genre à parler aussi... Cela aussi avait changé. Avant je souriais souvent, je riais tout le temps et j'étais toute bavarde... Je n'étais qu'une ombre désormais « Tu lui en as voulu, toi ? » Demandais-je « Tu as été en colère contre lui ? » Repris-je intéresser, est-ce qu'elle avait ressenti les mêmes émotions ? Bon, elle n'avait pas pu ressentir exactement les mêmes, car nous n'avions pas la même relation, nous n'avions pas la même responsabilité aussi.

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Katerina & Gemma

❧ Everything I've loved became everything I've lost

Depuis qu'Andrew n'est plus là, tu ressens une sorte d'indicible vide. Un vide qui ne pourra jamais être comblé, parce ça a beau paraitre cliché, mais Andrew, il lisait en toi comme dans un livre ouvert. Il savait quand ça n'allait pas et il savait comment faire pour te changer les idées. Avec lui, tu pouvais te laisser aller. Arrêter de jouer ton petit numéro, ton vaudeville incessant. Aux yeux des gens, sa mort était prévisible. C'était un drogué. Les drogué finissent toujours par mourrir d'overdose. Ses parents eux même ne lui voyaient pas un avenir brillant. S'ils savaient à quel point son âme était pure. Elle l'était lorsque vous étiez tous les deux. Pour toi, c'était Dieu qui avait décider de rappeler l'un de ses anges. Andrew était un ange. Un ange qui se donnait des airs de démon. Un ange tombé dans le piège du diable. Un ange plongé dans le vice. Un ange sous l'emprise des psychotropes... Et il y a des jours, comme aujourd'hui, où tu as besoin de ressentir la présence de ton ange. Pour ça, tu ne vas pas dans le cimetière où il est enterré. Là-bas, tu ne retrouves rien qui ait un rapport avec Andrew. Absolument rien. C'est dans son parc que tu parviens à le revoir, à l'écouter et à le sentir. Katerina semble avoir pris la même habitude que toi. Tu fronces un sourcil lorsqu'elle t'explique qu'elle a l'impression qu'Andrew n'aimerait pas ce qu'elle était devenue. « Hey Kat, c'est pas parce que tu as arrêter de te détruire la santé, que tu es snob. Regarde moi, j'ai jamais touché à la drogue, mis à part quelques joints, mais ça ne l'a pas empêcher de m'aimer... et de ne pas me trouver dédaigneuse. Enfin, tu vois. » Katerina s'inquiétait pour rien. T'es convaincue qu'Andrew aurait été autant fière d'elle que toi, si ce n'est plus. Elle s'imagine des choses à force de repenser à lui. De réfléchir. L'esprit de l'homme a tendance à s'évader à ce genre de moment. « Il t'aimait beaucoup. Il me parlait tout le temps de toi... même que des fois, j'étais jalouse parce que j'avais l'impression qu'il était plus proche de toi. » Tu admets en souriant légèrement. Tu aimerais bien revenir à cette époque où le ton seul vrai problème était cette petite jalousie que tu ressentais à l'égard de Kat. « Donc ne va pas croire qu'il ne t'aurais pas encourager à te reprendre en main et à vivre dignement. » Tu hausses les épaules lorsqu'elle émet sa question. « J'sais pas. Il a toujours été un chic type dans le fond. Je pense que j'aurais tout fait pour essayer de faire ressortir cette facette de lui. Et tu m'aurais aidé. » Andrew n'était pas un exemple à suivre c'était clair et net, mais t'ose espérer que si la vie lui avait donner une deuxième chance, il aurait changer. Pour toi. Tu déglutis. Ça ne sert à rien de penser à ça. C'est trop tard maintenant. Faut que t'arrêtes de rêver ma vielle. Andrew n'est plus là. Aden ne t'aime pas. Personne n'est prêt à faire de grandes choses pour toi. Réveilles toi. Certaines ont droit à un compte de fée, toi t'as eu droit à une tragédie. Un amour impossible. Une passion interdite.

« Oui je lui en ai voulu et j'ai été très en colère contre lui. » Tu réponds à sa question avec une célérité impressionnante. Tu n'as pas besoin de réfléchir à la réponse. Tu l'as déjà fait tant de fois. Tu lui en veux toujours à Andrew d'ailleurs. Tu ne le déteste pas. Non, ce serait inconcevable. Mais tu lui en veux de t'avoir laissé seule. À bien y repenser, son overdose, c'était un peu une sorte de suicide involontaire. Il s'est donné la mort lui même. Sans aucune pression externe. Le speed, la cooke et l'hero étant les armes du crime. T'as essayé de le mettre en garde contre toutes ces conneries, pourtant. T'as pas arrêté de le mettre en garde, mais tu t'y es mal pris ou bien, il refusait de faire attention, tu ne sais pas trop. Une fatalité intérieure le poussait vers cet acte insensé. « Il m'a lâché. » Tu soupires avant de regarder Katerina dans les yeux. « Et toi, tu lui en veux? T'es en colère? » Après tout elle était mieux placée que toi pour comprendre ce qui l'avait poussé à consommer autant de drogues. « Ton avis est surement plus objectif que le mien. » Elle avait été dépendante elle aussi aussi après tout. Elle est donc plus disposée que toi à comprendre ses motivations.

LUCKYRED