C’était dur de râler sur Raphaël. Assis contre moi sur ce canapé à essayer de capter mon regard c’était dur de se concentrer sur une feuille de chiffres, même si j’adorais les sudokus en soi. Je finis par tourner la tête et croiser son regard. Et naturellement il ne me lâcha plus. Soupirant je posais alors mon Bic pour l’écouter. Fâché oui je l’étais mais est ce que je voulais qu’il revienne sur mes genoux ? Je n’avais toujours pas remis mon haut mais est-ce que c’était une invitation ? J’en savais rien moi-même. Je laissais tomber ma tête en arrière :
« Je sais pas… pas tout de suite ? »
Soupirant je finis par tourner la tête vers lui blasé, la gardant toujours un peu en arrière. Je répondis finalement.
« Bien sûr que je suis fâché… Merde pourquoi venir toquer, on est dans un avions clos tu veux qu’il se passe quoi ? En plus je suis là si t’as besoin de quelque chose tu m’envoie et c’est bon ! Alors pourquoi toquer et casser le truc ?! »
Retournant la tête vers le plafond je fis une moue.
« C’est juste que c’est rare d’avoir des moments à deux et la journée a été pleins d’incidents de merde comme ça… »
Le retard de ce matin, le fait que j’avais trébuché sur les chiens royaux, la file dans le café, les gamins bruyants, le café renversé qui faisait quand même encore mal malgré les bandages. Et puis ce moment interrompu. Non mais si ce n’était pas la bonne journée suffisait de le dire et je restais sous mes couettes la prochaines fois ! Du coup faisant la moue un peu plus théâtralement je rajoutais d’une voix faussement boudeuse.
« Du coup je boude ! »
Manière subtile de demander un baiser ou un geste d’affection ? Totalement. Parfois j’étais un vrai gamin en vrai ! Fallait voir comment je me comportais avec Clément à faire des blagues foireuses. En y pensant je n’avais pas raconté ma dernière partie de bowling avec mon meilleur ami. En plus il y en avait des choses à raconter. Où valait mieux pas en fait après il allait encore croire que j’avais des vues sur les fesses de mon ami, alors que c’était purement amical. Par contre la vanne fait aux deux filles qui nous avaient accostée ça c’était drôle. Enfin pour mon pote et moi. Ouvrant un œil je lançais un regard à Raphaël avant de rajouter.
« Je t’ai pas raconté on s’est fait accoster par deux filles avec Clément la dernière fois lorsqu’on a été faire un bowling… Peut-être que l’une d’elle pourra me consoler sans qu’on se fasse interrompre. »
J’étais puéril. Et pourtant c’était ma manière de me calmer et de dédramatiser la situation pour moi. Je préférais blaguer que de me casser la tête et finir en réelle dépression. Et puis j’avais une chance sur deux de récolter un baiser avec cette remarque. En fait j’avais 2 chances sur trois. Comptant que j’étais blessé il y avait moins de chances que ça arrive et pourtant il restait une chance qu’il me donne une claque. Gentille je précise. Par contre je n’étais pas d’humeur de faire semblant d’avoir mal ce coup-ci.