Je gémis dans un demi-sommeil. Malheureusement pas de plaisir. Qui avait l’idée de m’appeler si tôt ? Moi grognon le matin ? Toujours ! Au moins jusqu’à ce que j’ai mangé. Eh oui je faisais partie de ces anglais qui ne se réveillaient pas après une tasse de thé matinal mais bin après avoir ingurgité un petit déjeuné. Avant inutile de me parler. Enfin bon… Là faudra bien. Je tendis le bras et décrochais en essayant de me préparer à sortir un « allo ? » plus ou moins réveillé. Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche, j’étais vraiment lent le matin, que j’entendis la voix de Clément au téléphone. Instantanément j’étais réveillé et en alerte. Je bougeais le téléphone de mon oreille : numéro inconnu. Merde, il s’était passé quoi ?

« Clément ? Tu es où ? Je viens te chercher ? »

J’avais parlé d’une voix calme et douce. Bien sûr que je me doutais de la chose : crise de somnambulisme. Je notais l’endroit qu’il m’indiquait dans le London east park et me dépêchais ensuite pour me lever. Ca faisait trois mois qu’on vivait ensemble et je ne regrettais pas de lui avoir proposé cette solution. Je le voyais mal vivre seul après tout ce qui lui était arrivé. Et depuis je m’occupais de lui. Je ne m’en plaignais pas, trouvant ça normal de m’occuper de lui et de faire au mieux pour qu’il aille mieux. Vêtements mis, j’hésitais avant de prendre un survet à Clément me disant que s’il avait fait sa crise il ne serait certainement pas habillé et au final me décidais à prendre une paire de chaussures en plus. Je descendis les marches de mon immeuble quatre à quatre avec un sac sur les épaules contenant ses vêtements et courait jusqu’au parc qui heureusement n’était pas trop loin. Enfin quand même une petite trotte ! J’arrivais dans le parc et fis le trajet que m’avait indiqué mon meilleur ami au téléphone. Je finis par apercevoir Clément sur un banc en compagnie d’un coureur.

« Hy ! Ca va ? »

J’observais Clément, qui ne semblait pas avoir de blessures physiques apparentes. Bon au moins il n’avait pas fait des bêtises durant sa crise c’était déjà ça. Je lui tendis alors le sac à dos en souriant doucement :

« Je t’ai pris des affaires au cas où ! »

Je me tournais alors vers le coureur qui m’expliqua vite fait la situation et le remerciais avant d’indiquer que je prenais la relève. Je laissais Clément s’habiller tranquillement et pris le temps de regarder autour de moi. Il avait de la chance d’avoir atterrit dans le parc pas encore trop mal fréquenté. Et surtout on avait eu de la chance qu’il n’ait pas l’idée d’aller faire un plongeon dans le lac ! En laissant le côté géographique de côté je pensais à ses médicaments. Sa première crise avait eu lieux il y a des semaines et on avait directement été voir un spécialiste. J’étais soulagé d’un côté que Clément se confiait à moi quand un truc pareil arrivait et qu’il n’essaye pas de cacher la chose. En contrepartie je m’efforçais de ne pas devenir une mère poule obsessive et paranoïaque. En attendant il faudra que je pense à fermer la porte de l’appart à clef le soir. Si ses médicaments ne fonctionnaient plus… Enfin d’un côté c’était prévisible que les effets ne durent pas éternellement. Le corps finit par s’habituer et s’adapter au produit. Je revins au présent quand on put se remettre en route vers l’appartement.

« Tu veux reprendre un rendez-vous chez ton médecin ? »

J’avais demandé ça avec précaution et un peu de réticence aussi. Je ferais tout pour qu’il aille mieux, mais même moi je trouvais le nombre de médicaments qui s’accumulaient dans l’armoire de la salle de bain et le comptoir de la cuisine alarmant. Fallait-il vraiment qu’il en prenne encore plus ?

« Peut-être qu’on peut regarder après des alternatives si jamais… l’hypnose t’y crois ? »

Finalement ont pris congé du coureur, avant que je ne guide Clément en direction de l’appartement. Je lui demandais s’il voulait voir son médecin. Peut-être qu’une consultation lui ferait du bien ? Je ne savais pas… Un spécialiste saura peut-être quoi lui dire ? Enfin apparemment l’idée ne semblait pas l’enchanter plus que ça, ni le déranger. Comme d’habitude il était amorphe. Et comme d’habitude ça me faisais mal ! Je proposais alors de l’hypnose. Je ne savais pas ce que ça valait, mais peut-être que ça aiderait ? Peut-être qu’il avait besoin d’autre chose que des cachets… Je me renfrognais légèrement quand il me dit qu’il avait les cachets. Il en avait trop ! J’avais horreur de le voir comme ça, mais il en avait trop. Mais qui étais-je pour pouvoir répliquer ?

« Non, je suis venu à pied… »

J’avais une intonation désolé quant au fait de ne pas être venu en voiture. J’avais juste voulu faire au plus simple et au plus rapide. Le reste du trajet se passa alors en silence, moi lui demandant une fois si ça allait lorsqu’on était dans une montée mais sans plus. Je mourais d’inquiétude pour lui, mais j’essayais de ne pas trop faire ma mère poule pour ne pas l’étouffer. Une fois arrivé devant l’immeuble les derniers mètres jusqu’à l’appartement furent franchis et je pus fermer la porte derrière moi après avoir laissé entrer Clément. Je me dirigeais alors vers sa chambre et pris sa couette avant de l’installer sur le canapé.

« Tiens, mets-toi en dessous ça te réchauffera, tu veux prendre une douche ? Je vais faire des crêpes et couler le café ! »

Je souris, essayant de paraitre enjoué et lui remonter un peu le moral. Je commençais alors à m’activer dans la cuisine. Lancer la cafetière, mélanger œufs, laits, sucre, farine. Je faisais au plus vite et au plus silencieux, lui permettant de se reposer s’il voulait. Une fois le petit déjeuné prêt, je plaçant le tout sur le plateau et amenait ça sur la table basse dans le salon. Je disposais alors le Nutella, le sucre et le café sur la table avant de poser une assiette de son côté et du mien : un petit tas de crêpes dessus. Je commençais à manger, mais finis par lâcher la question qui me taraudais depuis tantôt :

« Tu te souviens de quelque chose ? »

Clément grognait légèrement à marcher, il avait mal et espérait vraiment qu’Andew soit venu en voiture, mais son ami lui affirmait bien vite que ce n’était pas le cas. Il allait donc devoir prendre sur lui, ravalé sa douleur et marcher de longue minutes, le corps endoloris jusqu’à l’appartement. De plus il sentait son pied avoir mal, surtout du au fait qu’il avait la douleur fantome d’avoir seulement perdu un orteil… un foutu orteil que ces ravisseurs lui avait coupé à cause… Non.. Clément ne pouvait se ressasser ca, sans pouvoir disjoncter à tout moment. Alors il prenait sur lui et avançait, il en voulait à Andrew de ne pas avoir penser à la voiture…

Enfin ils arrivèrent devant l’immeuble, ce fut bien plus dure quand il était question d’arriver jusqu’à l’appartement, mais il pouvait bénir les ascenseurs. Finalement ils furent dans l’appartement et Clément allait droit vers le canapé pour se poser, il était tout transpirant et la seule chose qu’il voulait c’était ses médicaments. Andrew lui parlait, mais ca lui semblait être un lointain écho… il captait cependant quelques mots et Clément répondit simple.

« Oui … d’accord fait. »

Il s’était bien assis sur le canapé et Andrew était revenu avec une couette, mais Clément ne l’utilisait pas pour l’instant, heureusement ils avaient installé des verres et caraffe sur la table basse, puis les médicaments étaient pas loin. Clément se relevait pour le prendre, puis se rassit le temps de se servir et avaler les pillules une a une tandis qu’Andrew était occupé le dos tourné… Finalement ce fut avalé et il s’affalait sur le dossier du canapé en soupirant. Clément fermait les yeux et passait une main sur son visage, il avait mal au crane et avait la nausée du aux odeurs que dégageait la nourriture que faisait son meilleur ami…

Finalement ce dernier vint au salon, installant tout. Clément rouvrit les yeux et se mit mieux… il avait pas réellement faim, peut être un café oui lui ferait du bien. Tandis qu’Andrew se servait et commençait à manger, Clément saisit quand même une crêpe nature, sa tasse de café…. Il commençait à coupé des petits bouts machinalement de sa crêpe et rouler la pate chaude et cuite en boule, alors que son ami lui posait une question… une question qui refroidit un peu Clément…

« J’étais dans mon lit… et je me suis réveillé la bas… Rien de plus… Comme a chaque fois. »

Machinalement Clément lançait une petite boule dans un verre à quelques centimètres, faisant un panier, puis il reprit de sa même voix terne et rauque.

« Tu sais a quel heure elle vient l’infirmière… ? Et tu bosses pas aujourd’hui ? Je croyais... »