"Caring for animals is not what I do, it's who I am" [LIBRE]

Se sentir seule est une chose. L’accepter en est une autre. Et pour quelqu’un comme Kiara qui avait presque constamment besoin de se sentir entourée, la solitude n’était jamais une bonne nouvelle. Sauf quand elle était au contact de ses animaux. Ce qui, à Londres, n’était pas si fréquent que ça. Monter à cheval lui manquait, et c’était dire, depuis ses deux ans il n’y avait pas trois jours qui passaient sans qu’elle n’aille voir ses chevaux, et immédiatement elle se demanda s’il n’y avait pas un centre équestre dans le coin. Mais à part le zoo du coin, Londres était assez pauvre en matière d’animaux. Alors, sans le moindre objectif ce matin, elle se leva, et décida de passer une tenue assez décontractée ce matin. En effet, elle ne se sentait pas d’humeur à aller draguer –pour la première fois de sa vie d’ailleurs- et comme elle avait encore des vêtements suffisamment chauds pour résister à la pluie londonienne, elle allait pouvoir en profiter. D’ailleurs elle ne prit même pas la peine de s’attacher les cheveux, de toute évidence ils finiraient emmêlés quoi qu’elle fasse.

Ce matin là d’ailleurs, sans qu’elle ne sache pourquoi, sa joie de vivre habituelle était passée en mode off. Elle qui n’était pas habituée à la pluie et au mauvais temps, cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle se la coltinait. Les précédentes fois où elle avait eu l’occasion de venir au Royaume Uni c’était en hiver, le mauvais temps ne la dérangeait donc pas puisqu’il était synonyme de neige, et de chocolat chaud, le rêve ! Mais quand au beau milieu du mois de mai on atteint difficilement les quinze degrés, c’est déjà plus pénible à vivre. Et oui, son humeur était facilement atteinte par quelque chose d’aussi futile que le climat mais que voulez-vous, ce n’est pas comme si on y peut quelque chose au final.

Elle secoua la tête, cette humeur maussade ne lui allait pas, et elle avait besoin de s’aérer l’esprit. Elle le savait. Elle enfila donc une de ses habituelles vestes en cuir, et elle sortit de son appartement, prévoyant d’errer sans but et de simplement prendre un bon bol d’air frais. Elle commençait à avoir l’habitude de voir ses plans être déjoués par le destin, comme ce jour où son footing matinal s’était transformé en sauvetage de chien fugueur, ou encore le jour où son arrivée à Londres s’était soldée par une visite de la ville offerte par Holden. Sauf que cette fois ci, les choses furent différentes.

En effet, alors qu’elle cherchait un maximum à éviter la pollution et le brouhaha des coups de klaxon incessants, elle finit par arriver dans un quartier plus calme, mais également plus pauvre. Un quartier où habituellement on pourrait dire qu’il ne fait pas bon traîner en tenue légère. Un quartier qui donnerait même presque envie de fuir en courant.  Et pourtant, elle parvenait encore à lui trouver un certain charme, une certaine authenticité. Ici les gens ne cherchaient pas à être ce qu’ils n’étaient pas, ou à faire semblant d’aller bien alors que ce n’est pas le cas. En bref, elle commençait à apprécier le charme de ce quartier, malgré tous ses défauts.

Cependant, au bout de quelques minutes de marche, elle entendit un bruit au loin. Un bruit étouffé, distant. Un bruit qui ne lui semblait pas être  très rassurant, et qui l’intriguait. Elle avança donc dans la direction en question, curieuse, mais elle ne découvrit rien si ce n’est une ruelle froide, peu accueillante, et qui servait de dépôt de poubelle. Sans compter qu’à présent, tout était silencieux. Elle décida donc de rebrousser chemin quand un nouveau hurlement se fit entendre. Elle se retourna vivement, et sut que le bruit venait d’ici. Elle ouvrit donc le container poubelle avec hésitation, et découvrit avec un horreur un jeune chiot, affaibli, amaigri, en très mauvais état et à peine vivant. Elle ne chercha pas à comprendre, et le prit dans ses bras, en se fichant totalement des microbes et de la saleté qu’il pourrait transporter. Il devait avoir facilement trois mois, mais avait l’air de n’avoir que la peau sur les os, et encore, puisqu’il portait de nombreuses plaies sur sa peau qui, un jour, avait dû être blanche.

« Qu’est-ce qui a bien pu t’arriver petit loup ? » Grelotant et tremblant, elle n’eut bien évidemment aucune réponse de la part du petit chiot. Et pourtant, il semblait encore avoir la force de protester. « Laisses moi prendre soin de toi. On va t’emmener à la clinique, d’accord. Ils vont pouvoir te soigner. » Elle soupira. Comment pouvait-on faire ça à un chien aussi jeune ? Et surtout, où se trouvait la clinique … ?