Who would you live for ? The bad life ? ♚ Faith

Fatigué. En un mot ça résumé ton état actuel, ses derniers jours avaient été durs pour toi. Une vague de travail beaucoup plus intense que d'habitude t'avait soudainement submergé, suite à un accident de la route qui avait laissé alors dans ton bureau une famille meurtrie. Te poussant à faire des heures supplémentaires en ramenant des dossiers chez toi, te permettant d'analyser tranquillement les situations émotionnelles des personnes. Tu ne te plaignais pas en soi, après tout tu étais payé pour faire ton travail et ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivé. Comme aujourd'hui qui à l'origine aurait dû être ton jour de repos mais, que comme toutes attentes tu étais bien effectivement marié à ton travail.

Tu t'accordes une pause dans ton travail, te resservant un café tu étires tes muscles douloureux. Soudainement nostalgique pendant que ta drogue coule dans son mug, tu regardes le cadre poser sur le meuble en face de toi. C'est une photo de ta véritable mère et toi-même, habillé formellement puisqu'au moment de celle-ci tu étais au travail. Parfois, tu te demandes ce que tu serais devenus si tu avais grandi avec elle plutôt qu'avec la famille qui t'a recueilli. Aurais-tu épousé la même carrière que tu as à présent ? Serais-tu devenus l'homme que tu es aujourd'hui ? Tu l'ignores. Ton regard se pose sur le cadre à côté, un petit sourire en coin naît sur ton visage. Celui-ci aborde un cliché de ta famille d'accueil pris le mois où ta petite soeur allait emménager chez toi,la plupart le sourire aux lèvres, vous paraissiez heureux. Sombre mascarade. Dire que tu n'es heureux avec eux serait mentir, notamment avec tes parents d'accueil avec qui tu as plutôt une très bonne entente. Mais c'est plutôt avec tes sœurs que le lien était plus compliqué, notamment avec les deux plus vieilles où la différence d'âge vous avez éloigné d'une bonne relation fraternelle. Vos contacts étaient purement par politesse au final.

Tu t'attardes sur le seul visage qui ne sourit pas, Faith. La petite rebelle de la famille qui semblait être naît en boudant. Tu ricanes quelques instants, repensant au lien qui vous unit et à quel point tu pouvais être chanceux de l'avoir rencontré malgré tout. Justement en parlant d'elle, tu attrapes ton portable ça faisait bien une bonne heure que la petite teigne ne t'avait pas répondue. Comportement étrange sachant qu'elle répondait à la seconde lorsque le destinataire était toi. Tu lui renvois un message, subitement elle te répond. Au commissariat. Elle est encore au commissariat. Tu soupires alors que l'envie de l'étrangler te prend aux tripes. Pendant quelques minutes vous discutez par messages avant que tu finisses par te préparer, récupérer les clefs de ta voiture et évidemment laissant ton travail derrière toi. Car bon, la famille passe avant tout.

Méthodiquement, tu te gares devant l'établissement avec une certaine appréhension tout de même, cachant celle-ci et pénétrant dans les lieux tu recherches des yeux Faith. Te voilà. Soupirant bruyamment pour qu'elle remarque ta présence, tu décides de t'exprimer dans votre langue natale, l'italien. C'était un peu votre rituel, lorsque vous n'étiez qu'à deux vous parlez comme si vous étiez encore à Rome. Sûrement la nostalgie une nouvelle fois.

« - Est-ce qu'un jour je pourrais aller chercher autre part ma soeur qu'au commissariat ? Questionnes-tu alors que tu t'approches d'elle lentement, Laisse-moi deviner. Tu es là pour une bagarre ? »

Il y avait eu cette époque où la petite brune laissait transparaître son caractère sanguinaire, où elle passait plus son temps chez le proviseur qu'en cours. Et parfois elle atterrissait dans ses lieux où sagement tu venais la récupérer s'occupant généralement de sa caution.

« - Et depuis quand tu payes tes cautions toute seule d'ailleurs ? Demandes-tu en levant un sourcil amusé, Je t'ai déjà dit de me laisser gérer ça. Tu vas finir par te ruiner à force, idiote. »

Un petit coup de poing dans l'épaule de la brune, tu lui tires la langue, geste purement enfantin mais tu t'amusais grandement à cet instant. Le regard fixait sur elle, tu attendais une réponse, une explication et peut-être même le traditionnel "Ce n'est pas de ma faute". Et à ce moment précis tu te posas une question. Et si tu avais fini comme Faith ?  

Parfois même si c'était interdit, tu t'autorisais à observer ta petite soeur avec ton esprit de psychothérapeute. Tu t'offrais le droit, malsain avouons-le, à la décrypter. Sa rébellion n'avait rien d'étonnant en soi, peut-être une tactique pour se différencier de la famille au sein elle a grandi, un besoin fort d'être identifié pour ce qu'elle était et non ce qu'elle devrait être. Au fond, vous n'êtes pas si différent, quelque peu forcer à emprunter des chemins différents de ceux que vous avez choisis. Autant inconsciemment tes parents étaient tes bourreaux autant tu étais celui de Faith sans le vouloir. Méditant discrètement sur cette pensée, tu t'assois sur une des chaises, braquant ton regard sur la brune.

« -Ecoute mon grand et cher fratello, je n'ai pas besoin de me battre pour venir ici tu sais. Répliquai-je avec un sourire en coin. Je suis ici parce que j'ai était témoin d'un accident et les flics m'ont vue. Du coup bah ... Je témoigne et pis voilà quoi. Et pis oui, je paye mes contraventions et mes cautions, je suis assez grande pour ça. Je t'ai dit que si j'ai besoin que tu m'aides, ce sera à l’extrême ! »

Un sourcil se lève et tu la regardes avec ce même regard dur qu'a les parents pour leurs enfants. Dans son regard tu pouvais clairement comprendre qu'au fond d'elle, elle devait t'insulter. Faith était toujours comme ça, elle avait son caractère de feu et d'une manière elle te respectait assez pour se contrôler un minimum. Mais il y avait un truc qui clochait.. Et ce ton condescendant qu'elle prenait à chaque fois que tu lui faisais la morale, avait le don de t'énerver. Peut-être bien que tu l'énerver aussi à toujours être derrière elle, à vouloir d'une façon la protéger d'elle-même. Chose que même toi tu ne pouvais faire.

« - Oh je t'en prie Faith, pas de ça avec moi. Combien de fois tu m'as dit que tu venais ici te servant d'excuse bidon pour qu'au final j'apprenne la vérité ? Ça va j'ai l'habitude maintenant. Questionnes-tu le regard fatigué et les lèvres pincés, Tu penses être assez grande pour ça ? Alors peut-être qu'il serait temps que tu arrêtes d'agir comme une gamine. »

Le ton monté lentement mais, sûrement. Il y avait peu de chose qui te mettaient en colère, premièrement parce que tu essayés de rester toujours maître de tes émotions et deuxièmement parce que tu déteste ce sentiment. Hors, pour toi Faith faisait tout pour te pousser dans tes derniers retranchements. Tes craintes concernant ta petite soeur revenaient, tu te sentais impuissant et idiot de se prendre la tête avec elle pour ce genre de chose. Et probablement que tu étais un peu trop dur avec elle, la fatigue à cause de ton travail jouant sûrement.

« - Tu ne changeras jamais. Chuchote tu doucement l'observant de la tête aux pieds »

Tu lui lances un dernier regard avant de t'avancer vers l'un des policiers que tu connais, tu sais bien que si tu lui demandes promettant alors de lui être redevable il t'aiderait à voir clair dans cette situation. En y repensant peut-être que si vos vies étaient échangées, c'est toi qui te retrouverais dans cette situation, dans un poste de police avec quelqu'un pour te remonter les bretelles. Peut-être bien que tu aies aimé aussi qu'on t'aide, mais, tu sais Andréas, on ne peut pas aider une personne qui ne veut pas d'aide.