Lucy▬ Une journée comme les autres ?

◈ Une journée comme les autres ?
l u c y. c a l l a g h a n. a n d. c o m p a g n y.

La vie n’est pas facile. Pas que pour moi, mais pour tout le monde, j’en avais conscience. Je me demandais si la vie nous testait en nous donnant des épreuves plus difficiles les unes que les autres, savoir si on pouvait les surmonter. A premier coup d’œil, on pense tous qu’on ne peut pas, qu’on n’est pas assez fort, qu’on n’a pas le courage et ni même l’envie de continuer… Pourtant, on le fait. On n’a pas le choix de toute façon, on a jamais le choix au final.

Je soufflai, mes amis faisaient tout pour que je sorte, que je me change les idées. Ce n’était pas si facile et ma sœur, mon frère… J’étais toute seule. Je n’avais plus personne. Je me regardai dans le miroir, me préparant. « Je vais bien » Soufflais-je à mon reflet. C’était la phrase que je répétais, pour convaincre les autres, pour me convaincre. Après tout, c’était juste le seul homme que j’ai aimé dans toute ma vie qui est mort, mort dans mes bras… Ce n’était pas si destructeur.

Ce soir, il y avait une réouverture de magasin que j’aimais tant aller et qui n’était pas à n’importe qui. Ma sœur m’avait toujours dit que lorsqu’on était triste, il fallait faire du shopping. Je n’ai jamais eu cette philosophie, mais il y avait un début à tout, pour tout nous. C’était une bonne idée pour un nouveau départ, une nouvelle vie. Sans lui. Je soufflai à nouveau et je quittai cette maison, remplie de médecins, comme moi et pourtant tellement loin de moi.

Je décidai de marcher, cela prendrait plus de temps… Mais j’avais eu assez d’accident pour une vie et je ne voulais pas remonter dans cet engin mortel. Par chance, il ne pleuvait pas. J’arrivais donc à la soirée, il y a avait déjà un peu de monde. Je pris mon souffle et je souriais. Faussement. J’avais dit pendant des mois que lui et moi c’était fini, que je n’étais plus amoureuse de lui. J’avais menti à tout le monde alors ma peine ne devrait pas être trop difficile à cacher.

◈ Une journée comme les autres ?
l u c y. c a l l a g h a n. a n d. c i l i a h. c a r t e r

Je ne savais pas, je ne savais plus… J’étais perdue, c’est comme si je ne pouvais plus respirer, je n’arrivais pas à respirer, dormir, manger… J’avais constamment le ventre noué, j’étais oppressé et je ne voulais qu’une seule chose… Que ça s’arrête. Alors je priais Dieu, je priais Dieu pour que cette douleur intenable, cette douleur inlassable cesse de manière indéniable. Car je ne pouvais plus, c’était trop dur. Il me manque. Tout le temps, sans arrêt. Chaque seconde, chaque minute, chaque instant… Je posais instinctivement la main sur mon ventre.

Un instant je l’entendais me dire qu’il était amoureux de moi, qu’il voulait de cet enfant, son enfant que je portais en moi, qu’il voulait qu’on fonde une famille, notre famille… Qu’il voulait que je sois à ses côtés, toujours, tout le temps, que je devienne sa femme… L’instant d’après je comprenais, je savais… Il était mort. Et j’étais seule avec mon enfant, notre enfant. Et j’avais la gorge qui me faisait mal, tout le temps et mes yeux qui me piquaient constamment. Qui étais-je ? Qu’allais-je faire maintenant ? Où était-il ? Où est Aaron ?

Je ne l’avais dit à personne, c’était bien trop dur… Je ne pouvais… Parce que le dire ce serait accepter, et je me refusais, ce n’est pas possible qu’il ne soit plus là. Je ne pouvais pas le tolérer. Le dire à haute voix était inenvisageable. Jamais. Alors je soufflais, je prenais sur moi et je me cachai derrière ce masque, ce fameux masque du « Je vais bien, merci » c’était tout ce dont j’étais capable pour le moment et je n’avais pas la force de mener un autre combat.

J’entrai donc dans la ré-ouverture du magasin de ma meilleure amie, je me faisais discrète… J’avais l’impression que nous n’étions pas dans le même monde, le même univers… Ces gens tous heureux, à rigoler, à sourire alors que j’étais totalement détruite ou chaque instant je me forçai à ne pas pleurer toutes les larmes de mono corps, où je me persuader jour après jour que tout ira bien, que son enfant sera une part de lui dans ce monde.

J’étais dans le magasin, me faisant toute petite, discrète… Bien entendu ma meilleure amie me trouva facilement « Oui, je suis désolé… Je ne savais pas quoi me mettre » M’excusais-je. Désolé, je pensais au père de mon enfant qui vient de mourir, pensais-je. Je souriais toujours quand elle me demanda si j’avais besoin de quelque chose en particulier « Non, je n’ai besoin de rien » Répondis-je doucement. J’ai juste besoin de lui, mais ça, je ne peux pas l’avoir, tu ne peux pas me l’offrir « Je regardai un peu ce que tu avais » Fis-je en souriant. J’évite le regard de tout le monde, de peur que je me trahisse.

Je pris la main de ma meilleure amie « Je suis tellement fière de toi, tu as fait un travail absolument magnifique » La félicitais-je pour ensuite la prendre dans mes bras « Tu vas faire un carton, tu es la meilleure » La complimentais-je avec sincérité. Voir son bonheur était un petit rayon de soleil dans mon cœur en déluge. Je ne lui souhaitais que du bonheur car c’était une fille que j’aimais profondément, que je considérais comme ma propre famille.

◈ Une journée comme les autres ?
l u c y. c a l l a g h a n. a n d. c i l i a h. c a r t e r

J’avais le cœur en miette. Peut-être parce que l’homme de ma vie venait de perdre la vie ? Peut-être que le fait de ne l’avoir dit à personne, tout comme n’avoir rien dit aux autres concernant ma grossesse et cette demande en mariage qui avait perdu tout son sens à la seconde même où la proposition avait été annoncée… Je ne sais pas, mais je savais que je n’étais pas prête pour en parler aux autres, car je ne pouvais pas concevoir que l’homme qui avait pris possession de tout mon être depuis si longtemps n’était plus. Non je ne pouvais pas, et j’avais peur que je ne puisse jamais pour dire vrai.

En tout cas, comme je l’avais promis à ma meilleure amie, j’allais à sa soirée, elle avait fait une nouvelle collection et elle ré-ouvrait la boutique. En tant que meilleure amie je me devais d’être là pour la soutenir, tout comme normalement je devais lui avouer ce qu’il se passait actuellement dans ma vie. Mais je ne le fis pas. Je restai donc dans mon coin, combattant la douleur incandescente de mon amour disparu. J’avais l’envie de rien et même si une part de moi savait le talent et le don de mon amie, que je savais que dans le fond, elle avait fait un travail sublime, je n’arrivais pas à ressentir de l’éblouissement.

Au final, comment pouvais-je trouvé que la vie, un détail puissent être beau, magnifique… Comment alors que je ne voyais plus le monde dans cette optique-là, car je ne connaissais pas ce monde, il était fade et sans saveurs, je ne voulais plus être de ce monde. Mais je n’étais plus toute seule à vrai dire, j’avais cette part de lui, la seule chose qu’il m’avait laissé en m’abandonnant. Je n’avais pas le choix de ne me battre pour cet enfant, pour la preuve que notre amour avait bel et bien existé et qu’on en avait créé quelque chose de plus beau encore… La vie.

C’est alors que ma meilleure amie arriva, je répondis pour lui faire plaisir alors qu’à chaque instant était un supplice, chaque parole un mensonge. Je m’excusais du temps que j’avais pris, bien que j’avais sorti un mensonge sur mon retard « Ne dis pas n’importe quoi » Répliquais-je en levant les yeux en l’air, je n’avais pas le cœur à me faire complimenter faussement « Oui c’est vrai qu’avec les examens c’est infernale, j’ai la tête ailleurs » Répliquais-je en faisant la grimace. C’était l’excuse que je sortais à tout le monde, ce n’était pas un mensonge à proprement parler puisque d’un côté c’était vrai, mais ce n’était pas la véritable raison de mon mal être si profond.

Mais je devais reconnaître que j’avais de la chance d’avoir une meilleure amie comme elle « Je sais bien, mais quelle meilleure amie je serais-je dans ce cas-là » Répliquais-je avec un sourire. Ciliah avait toujours tendance à faire passer les autres avant elle et je trouvais cela tellement honorable, elle était vraiment parfaite et je ne pouvais pas rêver mieux que de l’avoir auprès de moi, elle était un peu comme mon âme-sœur féminin bien que le masculin était désormais parti dans une autre vie, où j’espérais qu’il soit heureux et que je pourrais le rejoindre un jour prochain.

Je me mis à rire faiblement avec ce qu’elle disait « C’est souvent comme ça, je te le rassure enfin bon, c’est véritablement un succès, encore bravo… Je suis vraiment très fière de toi » Lui dis-je donc doucement et même si le fond de mon cœur n’y était pas, ma sincérité l’était-elle. Je levais les yeux à nouveau en l’air suite à ses paroles « Oh non, si j’étais la meilleure je le saurais crois-moi » Répliquais-je en souriant donc « Sinon, ça va, tu arrives à faire des chiffres d’affaires ou bien ? » Lui demandais-je doucement afin de changer de sujet.

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