Quand on décide de se livrer... (Holden & Arthur)

La crainte de décevoir oncle Cal accompagnait toujours cette vive douleur que je ressentais chaque fois qu'un quelconque problème concernant ma famille apparaissait dans ma vie. Ces derniers jours et ce, depuis mon retour de France, elle n'avait fait que s'intensifier. Le peu de nouvelles que j'avais de Naomi s'étaient transformées en un néant complet, me laissant comme inexistant dans sa vie et les tensions avec Lucy me rejetaient à chaque instant mes mensonges pour revenir en plein visage. Elle ne savait rien et il valait mieux qu'elle ne sache pas que j'avais tout quitté pour les retrouver. En oubliant la soufflante qu'elle m'aurait offerte, ma soeur aurait été capable de se sentir coupable de ma perte de boulot alors même que j'en était le seul responsable.
Parler de ça me faisait du bien, mais ravivait également la douleur de la distance familiale qui s'instaurait peu à peu dans mon quotidien. J'avais toujours été ce genre de personne qui avait besoin de sa famille, particulièrement de mes soeurs et c'était comme si je les avais perdu toutes les deux en même temps. Un enfer sur terre, à défaut d'avoir droit à mon paradis perdu.
Faire dévier la conversation sur mon interlocuteur me permet de me reprendre et de ne plus penser, pour un cours instant, à la chute libre de ma pathétique existence. J'apprend donc qu'Arthur est professeur à la fac, il enseigne la littérature, mais il publie également. J'avoue n'avoir jamais été un grand fan des matières littéraire et encre moins des livres, bien qu'il m'arrivait de passer des journées complètes à la bibliothèque quand j'étais plus jeune. Je lisais surtout des livres scientifiques, même si j'ai toujours eu horreur des matières qui s'y accordaient? En fait, je n'aimais tout simplement pas l'école et toute la réflexion que ça apportait, j'étais de ceux qui se préfère aux matières manuelles.
« Vous êtes professeur à la fac depuis longtemps ? » Je demande posément, curieux de savoir depuis quand, une personne qui ne semble pourtant pas très vieille, est professeur. J'avoue être étonné par cette révélation finalement, je ne m'attendais pas vraiment à ça. Je l'aurais bien vu travaillant dans les lettres, mais plutôt en tant que libraire ou quelque chose comme ça.

Le fait que mon interlocuteur soir professeur m'impressionnait un peu, j'avais pris l'habitude de voir des professeur de lettres aigries et désagréable du type de madame Rotenfield, professeur de littérature étrangère au lycée, qui m'avait fait vivre un enfer avec ses petites lunettes accrochées autour de son cou et sa voix aiguë et désagréable au possible. Peut-être qu'un professeur comme Arthur aurait eu plus de chance à me donner gout à la littérature, chose que Rotenfield n'avait pas réussi à faire.
Il n'était enseignant en fac que depuis deux ans, mais ce n'était pas son premier poste dans l'enseignement. Étrangement, j'étais intrigué par son métier qu'il semblait prendre à coeur. Rares étaient ceux qui aujourd'hui enseignait par plaisir et donnaient plaisir à leurs élèves d'apprendre, pourtant Arthur semblait être de ces rares enseignants agréables et qui donnaient à leurs cours et leurs liens avec leurs élèves une tout autre dimension.
J'hésites un instant à répondre quand il me demande si j'aime la littérature ou ce qui s'en approche. Je n'avais jamais vraiment apprécier cette discipline, autant parce que dans la famille nous étions plus penchés sur le côté scientifique, que parce que mes professeurs m'en avaient dégoutté. Être forcé à lire un livre pour les cours étaient devenus un supplice pour moi, autant j'aurais pu y prendre plaisir si on ne m'imposait pas un titre et que j'avais pu choisir par moi même, autant c'était loin d'être le cas avec les professeurs bien trop stricte que j'avais croisé dans mes années collèges et lycées.
« Pour être honnête, j'ai d'assez mauvais souvenirs en ce qui concerne la littérature et tout ce qui y touche, je n'ai jamais été très studieux dans le domaine des lettres. » dis-je d'une voix posée et calme, toute la nervosité qui m'envahissait depuis le début de la soirée ayant laissé place à une étrange sensation d'aise.

La conversation continue sur le sujet de la littérature et Arthur cerne assez rapidement d'où me vient ce dégoût de la matière, m'assurant qu'il était dans le même cas lorsqu'il était étudiant. « C'est ça. Une professeur qui n'était passionnée que par les mauvaises notes. » Je laisse échapper une petit rire amusée en repensant à cette période de ma vie. La conversation à durée un sacré moment puisqu'alors que j'allais proposé que nous rentrions pour reprendre la réunion,
me suis rendu compte que le petit comité sortait justement de la salle. Nous n'avions même pas pensé à reprendre et la petite pause avait finalement durée bien plus longtemps que prévu. « Oh, je suis désolée, je ne pensais pas que la conversation prendrait tout le temps de la réunion... Je euh, je vais devoir y aller, je suis ravie d'avoir fait votre connaissance. Parler avec vous m'aura certainement mieux aider que la réunion en elle même. Bonne soirée à vous. » Cherchant particulièrement à fuir les reproches du dirigeant de réunion qui allait venir vers moi pour réprimander d'avoir rater le reste de la réunion alors qu'il avait mis du temps à me convaincre, je m'échappe de l'endroit, presque trop impoliment. J'avais dû faire mauvaise impression avec cette fuite, mais je n'avais absolument aucune envie d'entendre les reproches qui m'attendaient. Quittant donc le parking dans la nuit désormais bien noire et marchant rapidement dans les rues éclairées de Londres, réfléchissant encore à la meilleure solution quant à mes problèmes avec ma soeur.