Alexander de Cambridge ◈ Paul Wesley.

Est-ce que j'ai toujours su que j'étais voué à régner sur l'une des nations les plus puissantes du monde ? Oui. Est-ce que je l'aurais voulu si j'en avais eu le choix : probablement. Pour beaucoup, que ce soit en Angleterre ou ailleurs, je ne suis pas Alexander mais le prince de Cambridge et héritier légitime du trône. Aussi loin que je m'en souvienne on m'a toujours préparé, conditionné à assumer ce rôle lorsque le temps viendrait pour moi de régner. Je ne dirais pas que mon enfance ait été malheureuse, loin de là. J'ai toujours vécu à l'abri du besoin, protégé et choyé par ma famille autant que les amis de la couronne. Je ne regrette pas non plus de ne pas avoir eu une enfance « normale » comme la plupart des gens l'entendent même. Après tout comment quelque chose que vous n'avez jamais connu pourrait vous manquer ? Contrairement aux enfants de mon âge, je ne passais pas mes week-ends entouré d'amis ou à jouer inconsciemment mais plutôt le nez plongé dans les bouquins. Devenir roi d'Angleterre ne s'improvise pas et mon père ne manquait pas de me le faire remarquer année après année. Mes moments privilégiés à moi étaient ceux que nous passions Charlotte, Raphaël et moi lorsque nous n'étions que tous les trois et que nous n'avions pas le fardeau de l'étiquette sur les épaules. J'ai toujours été plus proche de ma sœur peut-être parce qu'étant jumeaux, nous partageons quelque chose de beaucoup plus profond et pur. Lorsque je sens que les choses m'échappent ou que je me perds dans des pensées troubles, elle est toujours la première vers qui je me tourne. Peut-être même la seule à vrai dire. Je ne peux pas lui mentir ou lui cacher quoi que ce soit, elle qui est une moitié de moi. Avec Raphaël les choses sont plus compliquées et je ne parviens pas à désamorcer la situation. Nous n'avons pas énormément de choses en commun et j'ai souvent l'impression que tout ce que nous partageons, hormis notre nom, est notre gêne réciproque lorsque nous sommes seuls tous les deux. Cela n'empêche que je l'aime et que je ferais n'importe quoi pour lui même s'il ne le sait pas et que j'ai du mal à le lui faire comprendre. On m'a toujours appris à voiler mes sentiments, faire bonne figure en toute circonstance en faisant abstraction de ce que je ressentais vraiment. Ce qui m'a rendu plus renfermé et d'une certaine façon froid et distant. En réalité je suis une personne chaleureuse et aimante, j'ai juste beaucoup de mal à faire la part des choses et laisser tomber la carapace.

J'ai toujours su qu'il me faudrait faire des concessions de par mon statut de telle sorte à ce que lorsque j'ai du choisir entre la royauté et mes envies personnelles, je n'ai pas hésité une seule seconde et ai fait ce qui était mieux pour la couronne. C'est d'ailleurs en partie la raison de ma rupture avec mon ex petite amie, Anstasia. Après tant d'années passées côte à côte en grandissant, j'ai vu en elle non plus la fille et l'amie mais la femme. Je l'ai aimé profondément, d'un amour que je pensais intarissable d'ailleurs. Elle était ce brin de folie qu'il me fallait pour m'empêcher de perdre la tête et de me perdre dans toutes ces obligations royales. Nous avons vécu quelque chose de vrai et de fort mais il nous a fallu nous rendre à l'évidence : j'étais un prince, futur roi d'Angleterre ce qu'elle ne partageait pas. Une chance que cette rupture n'ait pas entaché mon amitié avec son frère que je considère presque comme le mien. Il me comprend, m'accepte et a souvent les idées les plus démentes pour m'éloigner des pressions que je subis à longueur de temps. Avec lui je ne suis plus prince, seulement un jeune homme en recherche d'amusement et qui se fiche bien de l'image qu'il pourrait renvoyer. Sa famille était certes proche de la notre mais son rang n'était pas suffisant pour que nous puissions rêver à un avenir ensemble. Aujourd'hui bien que je garde une affection certaine pour elle j'ai tourné la page. Et heureusement puisque je suis fiancé. N'allez pas vous méprendre, je ne suis pas le genre d'homme à courir après les femmes et encore moins cette union qui a été arrangée bien malgré moi. Lorsque l'on m'a annoncé que l'on m'avait trouvé l'épouse parfaite je suis resté stupéfait un moment. De toutes les concessions que j'avais pu faire, là où mes conseillers n'en voyaient « qu'une nécessaire de plus » , moi je ne partageais pas leur avis. Ce qui ne m'a pas empêché de hocher la tête comme si rien n'était et d'accepter. On m'en a peint un portrait assez flatteur que ce soit physiquement et psychologiquement ce que je n'ai pu m'empêcher de n'écouter que d'une oreille distraite. On l'a dit toujours époustouflante lors de cérémonies et autres réunions officielles, souriante et avenante. Les médias ne tarissent pas non plus sur sa beauté. En ce qui me concerne je m'en fiche, quoi que j'en pense nous sommes de toute manière promis l'un à l'autre.... Pour le meilleur et espérons que non, le pire.