Ce n’était toujours pas très clair pour moi mais d’après Clément, Enzo se trouvait actuellement dans un état critique. Ma respiration se coupa quelques instants lorsqu’il me parla des deux arrêts cardiaques. Difficilement j’avalais ma salive tout en sentant la main de Clément se dérober sous la mienne. Il s’était adossé au mur et moi je restais là face à lui. Que pouvais-je dire ? A priori Enzo était bien bien loin d’être sortie d’affaire et penser qu’il puisse mourir me donna la chair de poule. Clément avait retrouvé son calme aussi rapidement qu’il s’était énervé quelques secondes plus tôt. Evidemment je préférais le voir calme mais ce calme était justement … trop calme. Il lâcha également que son boss ne voulait pas qu’il aille travailler le lendemain. Ça, j’étais consciente que ce n’était pas gagner mais c’était une autre bataille. Je lui donnais cependant mon avis. « Il a raison, demain tu ne seras pas en état de bosser Clément » Ma voix était basse et aussi calme que la sienne. Le silence autour de nous était cependant très pesant.

Je le vis alors croiser ses bras sur sa poitrine. De là où j’étais je le voyais se triturer l’esprit et la culpabilité envahir tout son corps. J’avais envie de le rassurer, de lui dire qu’il n’y était pour rien et que culpabiliser ne changerais rien aux évènements mais je ne le fis pas. Avec lui c’était impossible de le faire changer d’avis, lorsqu’il avait quelque chose dans la tête, il ne l’avait pas ailleurs et même moi j’étais incapable d’enlever la culpabilité qu’il devait ressentir actuellement. Puis je le vis se redresser en me disant qu’il devrait retourner à l’hôpital. Quoi ?? Il en était hors de question. Il passa devant moi et se dirigea vers son téléphone qu’il ramassa. Ce dernier ne devait pas être dans un bel état. Je le suivais tout en poursuivant. « Il est hors de question que tu ailles à l’hôpital à cette heure-là. Si tu veux des infos tu peux les avoir par téléphone. Les heures de visites vont se terminer et flic ou pas flic il ne te laisseront pas entrer ». Il regagna l’entrée avec moi sur les talons. « Et tu m’expliques comment tu vas t’y rendre ? Tu n’es clairement pas en état de conduire. D’ailleurs tu es rentré comment ? » Je venais de réaliser qu’il avait peut-être pris le volant en étant plein de sang et je frissonnais. Ou un collègue l’avait peut-être ramené ? Dans tous les cas je refusais qu’il se rende à l’hôpital seul. Il était encore en état de choc et ses actes reflétaient davantage de l’impulsivité due à la situation et au choc dans lequel il était que de la raison.

Je m’approchais de lui et le stoppais dans ses gestes. « Tu comptes aider qui là-bas ? Clément tu es en état de choc toi-même, tu n’aideras absolument personne tant que tu es comme ça. Tu viens de balancer ton téléphone à travers la pièce, tu n’es absolument pas dans ton état normal. » Je me stoppais en reprenant ma respiration. Je fermais doucement les yeux et passais deux doigts sur l’arrête de mon nez avec de reprendre en ouvrant les yeux. « Je sais que tu es inquiet et crois moi je le suis également mais la seule chose sensé que tu as a faire à l’heure actuelle c’est d’appeler ses proches qui sont à l’hôpital pour avoir des nouvelles. Je le fais si tu veux !! Mais crois moi s’il te plait tu n’aideras personne là-bas et tu n’auras pas plus d’info que si tu restes ici. Tu es son ami, pas un proche de la famille ? Ils ne te diront rien même si tu abats ta carte de flic !! » Il allait faire quoi ? Tomber nez à nez avec les proches d’Enzo qui allait surement lui demander les circonstances de tout ça ? Devoir raconter ce qu’il s’était passé alors que même à moi il était incapable de me dire réellement le contenu des évènements ? Il était sous le choc et j’espérais qu’il change d’avis. Dans tous les cas, il était juste inconcevable qu’il aille là-bas tout seul et si je n’arrivais pas à l’en empêcher je l’emmènerais moi-même à l’hôpital.

Mon cerveau torturé depuis son arrivée se remis alors en marche et je me souvins que le lendemain j’avais justement un rendez-vous à l’hôpital pour des examens de routine. Depuis mes 7 ans, l’accident qui m’avait permis de rencontrer Natasha et la greffe que j’avais subi, je devais me rendre 2 fois par an à l’hôpital pour quelques examens simple. Actuellement cela faisait plus de 6 mois que je ne les avais pas fait et ma famille m’avait assez mise la pression pour que je m’en occupe. Mon rendez-vous étant demain, j’abattais donc ma dernière carte. « Demain j’ai rendez- vous à 8h00 à l’hôpital, on y va ensemble si tu veux ». Il était têtu mon Clém était j’étais presque persuadé qu’il n’allait pas être d’accord mais il fallait que je tente.