Tristan était revenu et le médecin ne tarda pas à apparaitre. Transporter les corps ne fut pas une mince affaire mais nous y arrivâmes plus ou moins discrètement. On plaça Thomas dans un lit avant de revenir dans le salon ou Tristan aidait le médecin avec le garde du corps, Patrick. Tamara partit pour apporter l’alcool et je restais en retrait, dans la chambre de Thomas, profitant de ce moment pour évaluer la situation. Nous étions dans un appartement privé avec nos deux cibles, Tristan et moi. Ça c’était déjà pas mal. Nos cibles nous faisaient confiance. Ça aussi c’était déjà pas mal. Mais après ? Je n’allais pas jouer le coup de la veuve épeurée pour Thomas alors qu’on ne se connaissait à peine. La carte de la victime risquait d’être chiante et de le faire se détourner plus qu’autre chose. Je décidais donc de rester cette fille qui essaye de comprendre, et garder son calme. Je revins avec mes nouvelles résolutions au moment où Tamara plaqua la bise à mon fiancé. Non. Elle la fit à Billie un gars qui nous avait sauvé la mise ce soir.

Le médecin commença alors son apparition et je restais en retrait, ne laissant rien paraitre. Tamara distribua des verres et je pris le mien avec reconnaissance. Je le vidais moins vite que Tristan et jouais avec un moment. Je calculais toujours les prochaines étapes, quoi faire ensuite. Comment garder cette situation à notre avantage. Heureusement Tamara semblait encline à m’aider, inconsciemment bien sûr, en venant me parler. Les limites de mon professionnalismes étaient testées lorsqu’elle me confia qu’elle se sentait un peu coupable de trouver le leadership de Billie séduisant alors que la situation était assez dramatique. Je rigolais doucement, faisant passe mon rire pour un rire nerveux avant de répondre que ce n’était pas si grave et qu’elle pouvait au pire en profiter pour se faire protéger. Dans un autre contexte notre conversation aurait pu passer pour celle de deux amies qui papotent entre elles d’un mec canon. Ici c’était plus un moyen d’échapper à la réalité, se focaliser sur autre chose. Elle répondit avec un air nerveux et du coup on se mit à chuchoter entre nous, histoire de s’occuper.

Un bruit sourd vint cependant interrompre notre conversation. J’échangeais un regard avec Tamara avant qu’on ne laisse Tristan se charger de la situation. Reculant en direction de la chambre de Thomas, on ne le lâchait pas des yeux. Le médecin qui avait presque finit continua son opération en silence et avec des gestes rapides, lançant des regards inquiets au couloir. Lorsqu’un autre bruit sourd suivit d’un coup de feu retentit, je poussais un petit cri, couvrant directement ma bouche de ma main. Tamara n’attendit pas et s’élança, criant le nom d’emprunt de mon fiancé. Je préférais rester sur place, me disant que Tristan avait de chances de s’en sortir si je ne le distrayais pas. Des cris, des paroles, une voix grave… Mon cœur battait vite mais au final je me détendis après quelques minutes d’angoisse en entendant la voix de Tamara prononcer le mot ‘papa’. Je m’approchais alors prudemment lorsque finalement ils furent trois à revenir. Tamara expliqua la situation à son père nous introduisant. Je priais pour que ce dernier ne reconnaisse ni Tristan ni moi par d’éventuelles fuites ou autre, mais ça ne semblait pas être le cas. C’était un nouveau pion sur l’échiquier mental que j’avais construit. Un pion dont je ne savais pas encore la puissance de frappe ni moment le jouer de la meilleure manière. Du coup je restais en retrait. J’avais toujours ma pochette avec mon poison mais ce serait trop suspicieux. Pas maintenant. Faire profil bas, essayer de profiter de la situation. Il ne valait mieux pas le tuer aujourd’hui… Attendre un peu que la situation se tasse et choisir une meilleure occasion. Que ça passe pour une deuxième tentative de la bande à la limite. Je lançais un regard discret à Tristan. Ou alors on se lançait maintenant ? Le souci était que des gens remarqueraient si les ‘compagnons’ des enfants manquaient. Il faudrait certainement trouver une call-girl ou prostitué blonde à descendre avec pour que ce soit crédible, on n'était pas des bleus non plus dans notre métier, le personnage de Tristan pouvant passer pour un indic… Jetant un regard à mon fiancé j’essayais d’évaluer ses pensées, ses préférences quant à la démarche à suivre. Tuer ou essayer de profiter de la situation ?

Un échange de regard. Nous étions assez en emphase pour nous comprendre sans. De l’extérieur cela pouvait passer pour juste un regard incertain échangé et pourtant c’était plus. Tellement plus. Je compris que j’avais feu vert pour agir. Ne laissant rien paraitre je m’assis un instant alors que la famille décidait quoi faire. Me frottant les bras, le regard absent je jouais celle qui essayait de tout encaisser. J’entendis à peine la famille quitter la pièce et Tristan prendre la place du coteur, revenant brièvement à moi quand le docteur posa sa veste sur moi. Je levais un regard étonné sur lu, lui qui avait un léger sourire compatissant sur les lèvres ; Le genre de sourire qui vous dit qu’il est dans cette merde depuis longtemps, qu’il n’a pas le choix. Un sourire qui dit que je ne devrais pas m’en faire. Mais ça je le savais déjà. Du coup je souriais juste timidement en retard resserrant sa veste autour de mes épaules, murmurant un simple merci. Le tissus bleu était encore chaud, porté précédemment par son prédécesseur. J’avoue que ça faisait du bien. Mais je doutais que le docteur puisse réellement comprendre ma situation.

Je me tournais finalement vers mon fiancé, sans plus et me relevais juste pour venir me placer devant l’accoudoir ou la tête du garde reposait.

« Fais comme si tu finissais de le soigner. Ça va aller vite. Ne respire pas pendant dix secondes après que le produit ait été injecté. T’éloigner serait trop suspect. »

Je laissais Tristan se mettre en position, mes mots n’avaient été que murmure et discrétion. Ce n'était pas le moment de tout foirer pas manque de rigueur. Je finis finalement par placer une main en dessous du menton, tenant sa tête légèrement en arrière avant de placer le flacon de mon parfum précédemment retiré de ma sacoche. J’exerçais à peine une pression et avait bien pris soin de placer un tissus entre ma main et la peau du gars, aucune trace ne pourra être retrouvée. J’actionnais le capuchon de mon parfum et arrêtais de respirer, commencer à compter dans ma tête. Me retirer je remis le flacon dans mon sac. Ce qui était bien était que le produis au contact de l’air était plus poudre que liquide. Du coup simple à inhaler et ne laissant pas de traces de brulures sur le corps. Le garde allait simplement inhaler la poudre qui allait se propager dans ses voies nasales et dans sa gorge. La poudre aura pour effet d’activé la production de globules rouges dans les parties touchées, les veines éclaterons et il se mettra à saigner du nez avant de tousser du sang. Pour tous les autres ça passera pour une hémorragie interne. Encore mieux, le sang qui coulera effacera toutes traces éventuelles de poudres qui elle ne pourra plus être détectée. Au pire c’était un poison assez commun qu’on trouvait facilement. Le garde du corps ne pris pas longtemps avant de saigner du nez. Bien sûr au moment qu’il le fit j’étais à nouveau installée comme si rien ne s’était passé.

Me levant d’un bon j’appelais ensuite le docteur paniquée alors que Tristan essayais d’arrêter le sang de couler. Me reculant , les deux mains devant ma bouche, je finis pas heurter le père de la famille qui me fit me détourner de la scène me poussant avec Tamara dans la chambre d’où il était sorti avec sa famille après mes cris.

Nous étions un si jolis couple d’acteur. Des acteurs charmants mais mortels ! Et pourtant charmant semblait être le seule mot que Tamara aurait utilisé pour nous décrire. Enfin nous… Elle se précipita sur ‘Billie’ couvert du sang de son garde et apparemment tout vert. Mon œil ! N’empêche je devais dire que ses capacités à jouer le jeu étaient grandioses. Mon regard passa attentivement du médecin et du père à Tristan et sa conquête. J’allais aller dans la chambre, profité de cette occasion pour m’occuper du fils quand je vis Tamara s’approcher de Tristan, poser sa main sur sa joue. Inerte je la regardais alors embrasser mon compagnon et prendre soin de lui. Bien sûr elle avait le droit elle de le chouchouter. Et dire que les premiers gestes tendre que j’ai eu pour lui avait été refoulé et rejetés. Je comprenais pourquoi et je ne lui ne voulais pas. Mais ça me rendait très possessive sur la question ! Et de voir une autre femme se permettre d’être si douce, si agréable… Et voir Tristan limite en redemander…

Rentrant finalement dans la chambre de Tristan je le contemplais un instant. Il était inconscient… Et vu que je n’étais ni nécrophile, ni avais du viagra sur moi… Ça aurait pu être une belle vengeance, il n’était pas moche. Mais bon on fera autrement. Soupirant je m’emparais du flingue posé sur la table de chevet. Mes empreintes étaient déjà dessus, j’avais tiré plus tôt dans la soirée. Mais je penserais bien sûr à le nettoyer. Le coup partit tout seul, sans que ça ne me fasse ni chaud ni froid. En sortant de la pièce je vis le père, à moitié sur le chemin vers la chambre, le regard inquiet mais sur la défensive. Le coup partit tout de suite, il n’eut pas le temps de bouger. Le médecin, lui, passait son regard du père à moi avant de repasser au père. Levant les mains devant lui, me regardait terrorisé. Roulant des yeux je m’emparais d’un des linges ayant servi à désinfecter la plaie de Patrick avant de nettoyer le fusil avec sou l’œil médusé de l’homme. Lui miment un simple ‘chut’ avec mes lèvres je le fixais du regard. Bien sur les coups avaient alerté Tristan et Tamara. Je vis mon fiancé arriver prêt à bondir.

« Ce n’est que moi. Tu as descendu Tamara chérie ou vous  étiez trop occupés ? »

Moi, jalouse ? Absolument pas.

Les coups étaient partis. Simples, directs, sans histoires, sans remords. Si jamais la police enquêtait elle penserait qu’ils avaient été attaqués par un membre rival. Le frère exécuté alors qu’il avait été inconscient. Le père froidement. Le garde du corps mort de ses blessures ayant causé une hémorragie interne. Je ne savais pas encore exactement quoi faire du médecin. En tout cas j’étais heureuse d’avoir un peu changé mes cheveux, les faisant passer pour brun le temps d’une soirée histoire que tout ce qu’Adrien serra capable de témoigner est une femme aux cheveux châtains. Assez commun et je me doutais qu’il n’avait pas pris le temps de détailler mon visage pour pouvoir faire un portrait-robot très précis si jamais. En tout cas je prendrais quand même mes précautions. Il suffirait d’appeler l’ami de Tristan campé dehors, qu’il me trouve une escort de ma carrure et me ressemblant légèrement et une balle plus tard suffirait de l’arranger comme moi.

Du coup face à Tristan je demandais où il en était lui. Légèrement jalouse sur les bords, mais bon. C’était le métier. Je me détendis imperceptiblement alors qu’il me disait qu’elle était dans la baignoire. En même temps comment voulez-vous que je réagisse alors qu’il à la chemise déboutonnée ? Mais bon c’est vrai que les éclaboussures sur son corps étaient une bonne preuve. Je le laisser contempler mon œuvre avant de simplement tourner la tête vers le médecin nous regardant, la peur se lisant dans son regard. Je fis la grimace à l’idée de torture.

« ca prends trop de temps, trop de traces et ça ne sert à rien. Il nous a vu, il saura témoigner, ce n’est pas une bonne idée de le laisser sur la scène. »

Je vis l’homme écarquiller les yeux de peur, et me souvins de son geste précédent. Me proposer sa veste. Et son regard à ce moment. Il ne voulait pas être là. Il n’avait pas envie de travailler pour eux et du coup une idée me vint. Une couverture parfaite. Alors que Tristan l’avais emmené à s’asseoir dans le canapé et me proposais une idée de jeu, je décidais de faire autrement. M’emparant de sa veste bleue je m’approchais de lui doucement, posant mon arme sur la table basse avant. Me plaçant devant lui, je ne souriais pas, inutile de jouer la comédie alors que le meilleur mensonge est teinté de vérité.

« Vous n’avez pas envie d’être ici je me trompe ? Même avant que les autres soient descendu vous n’aviez pas envie… Ce n’est pas par gaité de cœur que vous aidez cette famille ? »

Je le regardais, sondant son visage après la moindre expression. Il secoua juste la tête négativement, me regardant avec crainte sans savoir ce que j’allais faire ensuite. M’accroupissant alors je me mis plus ou moins à sa hauteur.

« Vous croyez que j’ai envie de tuer des gens en me réveillent le matin doc ? Je n’en ai pas envie. Je n’en ai jamais eu envie. Mais ces gens-là mon pris ma famille. Je n’étais qu’une enfant quand ils les ont tous tués juste pour faire passer un message. J’avais été absente ce jour-là… Combien d’années je n’ai pas passé à me torturer, à culpabiliser…. Mais aussi à me promettre qu’un jour ma vengeance serra prise ? Et aujourd’hui elle l’est. Vous avez des enfants je me trompe ? »

Le doc secoua encore une fois la tête négativement. Il me regardait avec crainte mais moins paniqué. Il avait compris qu’il avait une chance. Et il prenait un peu d’assurance, balbutiant légèrement :

« Deux garçons, des jumeaux, et une fille. Elle va commencer ses études d’histoire l’an prochain… »

Hochant alors ma tête je lui tendis sa veste le regardant dans les yeux.

« Aidez-nous à parfaire une couverture, couvrir nos traces et vous pourrez les rejoindre, ne jamais plus être emmerdé ou menacé par la famille Yardies ou l’un de ses sbires. On vous protège en échange de votre silence et d’un petit mensonge pour la police. »

Lâchant sa veste qu’il avait prise entre ses doigts je la lui rendis entièrement.

« Vous pourrez rejoindre vos enfants… »

Je me redressais alors, tournant la tête vers Tristan qui je le savais, avait tendance à descendre tous le monde. Mais là, la carte de la sureté valait mieux. Et avec toutes les traces qu’il y avait et tous le sang et nos empreintes… Le médecin était un atout... Maintenant si l’un de nous était suspicieux fondement vis-à-vis de lui autant le descendre. Mais il avait eu l’air reconnaissant quand à ma proposition….

Bon au moins j’avais gagné le médecin de notre côté. Son témoignage serait d’or. Trop de traces étaient dans l’appartement. Nos empreintes, les traces des coups de feu, les résidus de poudres, de l’ADN, des fibres de tissus… Ce qui faisait de moi une excellente tueuse à gage était que je pensais à toutes ces traces de poudres et de balistiques et que du coup jamais rien ne m’échappais, ou du moins jamais rien d’important. Du coup si jamais le médecin témoignait que c’était une rivalité de gang suffisait de faire disparaitre les armes… Le médecin pouvait même témoigner que les deux plans culs avait été envoyé autre part… Ça allait nous simplifier la tâche à un poi… Ah ban non en fait. Je regardais Tristan déçue. Pas déçue de lui en soi, mais déçue de tous le boulot que ça impliquait. Je haussais un sourcil alors qu’il me parlait de ne laisser aucune trace… Parce qu’un corps n’était pas un trace non…

Tant pis, on fera nuit blanche au pire. Sincèrement j’étais déçue mais ça passais encore il y avait pire. Au moins le contrat était terminé. J’allais m’approcher de lui pour l’embrasser. La chemise ouverte, une aura froide mais sur de lui il était séduisant. Mais son ton froid eu raison de mon geste. Je le regardais alors ranger son flingue avant de me tourner vers la pièce pour ne rien laisser paraitre. Je passais quasi directement dans la chambre, avançant méthodiquement et avec toutes les précautions nécessaires pour ne rien laisser comme traces. Une fois les traces effacée ou modifiées correctement pour indiquer une autre direction je revins au salon, commençant à arranger la pièce. Coussin, canapé, tapis, table, objets divers furent déplacés, nettoyés et replacés. Une fois quasi finis je me tournais vers Tristan.

« Ce serait bien que ton contact nous fille un coup de main. Qu’il dégote des gens de la soirée ayant un physique semblable au notre avec des vêtements plus ou moins semblables. Normalement on ne nous a pas vus sortir, mais si jamais y a des vidéos surveillances qui subsistent ça fait une bonne fausse piste… »

Je me tournais alors vers la table basse lui tournant délibérément le dos, sans pour autant démontrer un quelconque mal-être. Nos verres devaient disparaitre, ou alors être nettoyé, avec le témoignage du médecin ils auraient pu rester. Mais bon. Je me chargeais de les laver correctement dans la salle de bain pour aller les replacer sur le plateau qui avait comporté un set : sept verres et deux flasques. Si deux verres manquaient à l’appel ça pourrait amener des soupçons. Je n’avais pas fermé la porte mais l’agencement des pièces fit qu’il ne pouvait pas me voir depuis le salon. Du coup je pris un instant pour me regarder dans le miroir. Mon visage était inexpressif, mes yeux bleus semblaient plus ternes… Ou plus tôt neutre, n’étant nullement impressionné par ce qui m’entourait, ni par la situation, j’avais vu pire. Cependant on regard resta accroché à un détail dans le reflet. Un léger détail qui pourtant commençait doucement à prendre de l’importance pour moi. Le corps de Tamara. Je la contemplais dans la glace sans bouger. Elle avait été tendre avec lui. Et il était plus froid depuis qu’il avait tué la fille, depuis qu’on s’était retrouvé dans le salon. Avait-il apprécié le jeu ? Avait-il apprécié la fille pourtant très différente de moi ? Ou justement, très différente de moi… Secouant la tête je laissais mes pensées de côté m’emparant des verres, ayant calé une serviette entre moi et le verre pour éviter de nouvelles traces, et me rendis dans le salon réglant les derniers détails. Une fois satisfaite, j’indiquais à Tristan qu’on pouvait y aller. Prenant ma pochette et la boite de l’œuf au passage, je ne lançais pas un dernier regard à l’appartement. Je fermais la porte, je clôturais le contrat…

Et pourtant le poison du doute et de la jalousie faisait doucement son chemin dans mes pensées, intoxiquant peu à peu mon esprit…